« L’inconscient suscite dans l’imagination toutes sortes de fantômes, d’êtres étranges, de terreurs et d’images trompeuses – que ce soit en rêve, dans la vie diurne ou en cas de démence. Car sous le sol de la petite maison relativement ordonnée dans laquelle nous vivons et que nous appelons notre conscience, le royaume de l’homme s’enfonce dans les cavernes inconnues d’Aladin ; tout n’y est pas que pierres précieuses ; des djinns dangereux y demeurent aussi : forces psychologiques importunes ou refoulées auxquelles nous ne pensons pas ou que nous n’avons pas osé intégrer à notre vie. Nous pouvons continuer à les ignorer, mais il peut arriver, au contraire, qu’une parole inattendue, une odeur de campagne, la saveur d’une tasse de thé ou l’éclair d’un regard déclenchent un ressort magique et provoquent, dans notre cerveau, l’apparition des dangereux messagers. Ils sont dangereux parce qu’ils menacent l’édifice de sécurité à l’intérieur duquel nous nous sommes retranchés, nous et notre famille. Mais ils exercent aussi un charme ensorcelant, car ils sont porteurs des clefs qui ouvrent tout le royaume de l’aventure, désirée et redoutée tout ensemble, de la découverte de soi. Destruction du monde que nous avons construit et dans lequel nous vivons, et de nous dans ce monde ; mais ensuite reconstruction merveilleuse d’une vie plus audacieuse, plus pure, plus vaste et pleinement humaine : tels sont l’attrait, l’espoir et l’effroi que suscitent ces inquiétants visiteurs nocturnes, venus du royaume mythologique que nous portons en nous. »
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