vendredi 14 janvier 2022

Pensée du jour

 

Hannah Arendt ne décrit pas Eichmann comme un monstre impénétrable. Elle voit en lui – et cela est bien plus effrayant – toute la banalité de l’absence de pensée. Un être humain incapable de donner une quelconque présence à ce qui est absent, à ce qui n’est pas lui, au monde en tant que pure altérité à soi-même et au non soi qui revendique d’être-là : voilà ce que fut Eichmann. Il ne pouvait être un voyageur.

Pour lui, la fonction et le devoir comptaient, mais pas le monde. Dans l’absence ordinaire de pensée, le monde n’a aucune importance. Les espaces vides sont remplis par l’analyse de l’information, la définition de l’ami et l’ennemi et l’affairement.

Et le résultat en fut sa participation active à un génocide.

 

Donna J. Haraway

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