mercredi 12 octobre 2022

Une manie médicale moderne qui fait au contraire beaucoup de ravages !...

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La peste soit du dépistage!

La semaine dernière, je vous ai narré les ennuis de santé de Patrick Sébastien, les maladies qu’il a développées après le vaccin ainsi que les deux cancers qu’il a traversés, un de la peau et un autre du rein. Ce que je n’ai pas précisé, c’est que ce deuxième cancer a été découvert par hasard, à l’occasion d’un examen médical. L’artiste était en pleine forme, il ne souffrait d’aucun symptôme, et c’est seulement la découverte inopinée de la petite tumeur rénale qui a enclenché un programme de soins oncologiques ponctué par une ablation chirurgicale. Ce récit m’a interpelé car il ressemble exactement à ce qu’a vécu il y a quelques années un célèbre animateur radio belge : tout allait bien jusqu’à ce qu’une…radio de routine révèle la présence d’une « tache suspecte » sur un rein et que les médecins décident d’employer les grands moyens pour l’éliminer, bistouri d’abord et chimio ensuite. Aujourd’hui, la vedette radiophonique semble tirée d’affaire mais elle est orpheline d’un rein et elle vit forcément dans la crainte de la récidive. Questions :  que ce serait-il passé pour les deux stars médiatiques si la masse tumorale n’avait pas été fortuitement dépistée ? Et pour deux cas connus, combien d’anonymes sont ainsi médicalisés et entraînés chaque année dans l’enfer des traitements éprouvants et mutilants ?

Incidence artificielle

Les réponses à ces questions tiennent en un mot barbare : incidentalome. Ce néologisme récent désigne les agrégats de cellules cancéreuses que la médecine découvre de façon fortuite chez un patient asymptomatique, le plus souvent à l’occasion d’un check-up. Par extension, le terme est maintenant employé pour évoquer les cancers débusqués lors d’investigations prescrites pour une toute autre raison. Autrement dit, ce sont des micro-tumeurs que les toubibs trouvent sans les chercher, qui ne posent aucun problème mais qui en deviennent un dès le moment où elles sont trouvées. Dans mon infolettre du 10 janvier 2018, j’ai décrit ce phénomène en pleine expansion par la faute des progrès technologiques. À l’instar du dépistage systématique, le dépistage involontaire gonfle artificiellement l’incidence des cancers et ce surdiagnostic conduit inévitablement au surtraitement. Chaque année, les incidentalomes mènent de nombreux patients sur le billard ou dans un corbillard sans que leur état de santé justifie le risque encouru. Dans ce billet, je mentionnais d’ailleurs l’exemple éloquent des cancers rénaux : aux États-Unis, les néphrectomies ont augmenté de 40% sans que la mortalité par cancer du rein ne diminue, ce qui indique bien que le recours accru au scalpel ne sert strictement à rien. De plus, des études ont montré que 25% des petites tumeurs rénales détectées régressent spontanément et que beaucoup de gens meurent d’autre chose en étant porteurs de cancers rénaux. Non seulement les crabes naissants peuvent disparaître par enchantement mais leur rémanence ne rime pas avec maladie manifestée. À l’image de plus d’1% de la population, Patrick Sébastien et son confrère belge auraient donc pu héberger leur cancer du rein jusqu’à leur dernier voyage sans s’apercevoir de rien…

La pandémie silencieuse

Malheureusement, il en va du dépistage comme de la vaccination : on minimise ses énormes inconvénients et on ne retient que ses maigres avantages.  La médecine se targue de sauver des vies en dépistant à tout va mais elle sous-estime la morbidité et la mortalité induites par l’excès de traitements. L’exemple le plus flagrant de cet aveuglement est évidemment le cancer du sein : quoi qu’en dise la propagande péniblement récurrente d’Octobre Rose, il n’est pas du tout dans l’intérêt des femmes de se soumettre à un examen mammaire si leur profil n’est pas à risque. La mammographie de routine conduit à diagnostiquer beaucoup de non-malades et à en faire des malades qui vont ensuite être empoisonnées, irradiées et/ou charcutées. De très nombreuses mastectomies sont pratiquées alors que leur utilité salvatrice est rare, voire exceptionnelle. Comme le souligne depuis longtemps le collectif Cancer Rose et comme le rappelle encore le Dr Cécile Bour dans son livre « Mammo ou pas mammo ? » paru l’année dernière, le dépistage systématique du cancer du sein n’offre aucun bénéfice statistique sur la mortalité toutes causes, et n’en a même pas sur la mortalité par tumeur mammaire. C’est donc par ignorance de cette réalité ou par pur mercantilisme –  le cancer est un business très lucratif –  qu’une multitude de poitrines féminines sont sacrifiées chaque année à travers le monde. Côté masculin, l’équivalent du sein est la prostate :  la cancérologie charcutière condamne des millions d’hommes à l’incontinence et à l’impuissance alors qu’on sait aujourd’hui que 60% des Occidentaux de plus de 80 ans sont atteints d’une tumeur prostatique mais trépasseront d’une autre cause. Cette info, et beaucoup d’autres, vous les trouverez dans l’article « Le surdiagnostic : la pandémie silencieuse de l’Occident ? », publié en mai dernier sur le site de Cancer Rose. C’est la traduction abrégée d’une étude grecque parue dans la revue Public Health and Toxicology et c’est un texte qu’il est bon de lire à l’heure ou reprend l’annuel bourrage de crâne automnal sur les vertus du dépistage. Comme Néosanté l’écrivait déjà dans un dossier paru en mars 2012, cette manie médicale moderne fait au contraire beaucoup de ravages !

Bye bye nodule

Pour ma part, cela fait une bonne trentaine d’années que je me refuse absolument à ce genre d’examen. Même quand une grosseur suspecte apparaît quelque part dans mon corps, je ne donne pas l’occasion à un médecin de me prescrire la détection d’un éventuel cancer. Je pense vous avoir déjà raconté ce qu’il est advenu d’une boule ayant squatté mes bourses jusqu’à former une sorte de troisième testicule. Quelques mois plus tard, elle avait disparu comme elle était venue. Pareil pour un nodule qui s’est invité il y a quelques années à hauteur de ma thyroïde : je ne l’ai pas pris en grippe et je l’ai laissé tranquillement faire sa vie sous la peau de mon cou. Il y a quelques semaines, j’ai constaté en me rasant que ce petit kyste s’était également fait la malle sans laisser de trace de son passage. Ma sérénité n’est pas de l’inconscience, c’est au contraire le fruit de mes modestes connaissances sur le caractère réversible des petites tumeurs et sur l’inopportunité de leur traitement précoce. En outre, la médecine nouvelle du Dr Hamer m’a ouvert les yeux sur les méfaits insoupçonnés du « conflit de diagnostic », c’est-à-dire sur le choc émotionnel pathogène que peut provoquer un verdict médical brutal. Plutôt que de m’exposer au stress et à l’angoisse –  on ne sait jamais comment on peut réagir dans ces cas-là –   je préfère encore ne pas savoir. Les nodules thyroïdiens sont très courants et très généralement bénins,  alors pourquoi me tracasser ? En mai dernier, cette pathologie fréquente a d’ailleurs fait l’objet d’une alerte des endocrinologues français : ils estiment à leur tour que les nodules thyroïdiens sont par trop surdiagnostiqués et surtraités. Dans leur communiqué, les spécialistes hexagonaux du système hormonal révèlent que dans 90% des cas, les nodules thyroïdiens ne sont pas évolutifs et ne justifient pas une prise en charge spécifique. Sur 35.000 résections chirurgicales effectuées en 2010 en France, seuls 6000 nodules se sont avérés de nature cancéreuse. En l’espace de trois décennies, la proportion de mini-cancers diagnostiqués est passée de 5 à 50% et, comme d’habitude, l’inflation d’interventions lourdes ne se traduit par aucun impact positif sur la mortalité. Bref, le mythe des avantages du dépistage vient de se prendre une belle volée de plombs dans l’aile. Il faudrait à présent achever le canard en lui tordant le cou.

Yves Rasir

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