Nous quittons le gîte des Eranies à neuf heures quarante-cinq après un bavardage avec Amandine, notre chaleureuse hôtesse. Je prends le volant à l’entrée de l’autoroute. Le temps oscille entre nuages et éclaircies. Le gps nous fait traverser le centre de Lyon contre toute attente ; nous avançons au pas.
Nous nous arrêtons à l’Aire de Paisy à la sortie de Lyon pour déjeuner. Seule une table est occupée dans la salle du complexe « Bonjour ». Tous les voyageurs que nous voyons déjeunent dehors sans le pass sanitaire demandé à la caisse. À la "Brioche Dorée", tous les sandwiches, à part celui aux quatre fromages retenu par Patrick, contiennent des morceaux de cadavres d’animaux et de poissons. La seule salade, anémique, montre des feuilles vertes flétries aux contours noirâtres. Je jette mon dévolu sur un chausson aux pommes et sur un moelleux au chocolat. Nous déjeunons dans la voiture, porte passager ouverte, pour pallier le souffle insistant du vent plutôt froid. Après le repas, Patrick prend le volant.
Un superbe paysage vallonné se dévoile avant le tunnel de la Bussière. Plus avant, le tunnel de la Violay, long de quatre kilomètres, est traversé à l’entrée du département de la Loire. Les kilomètres avalent la route. Un panneau touristique annonce le village de « Pommiers ». Les Monts de la Madeleine s’annoncent à treize heures quarante… et ensuite Les Bois Noirs… dans le Haut-Forez… et, plus tard, le village de Cervières. Le paysage est de nouveau vallonné. Un gros nuage blanc se donne une allure de vortex. Nous entrons dans le Puy-de-Dôme à treize heures cinquante. La sortie de la ville de Thiers, qui détient les secrets de la coutellerie depuis près de six-cents ans, est indiquée dix minutes plus tard. La commune de Lezoux est signalée par un panneau attractif où figurent un pot et une tasse en possible terre cuite. Nous traversons la plainte de la Limagne. Nous déboursons 16,30€ au péage des Martres d'Artière. Les minutes regardent défiler les voitures et les nombreux camions aux provenances diverses. Nous franchissons tour à tour le viaduc de Lalong et le long viaduc de la Sioule, situé à trois kilomètres avant de sortir de l’autoroute. Nous la quittons à la sortie « Guéret » (la ville est distante de cent kilomètres) à quatorze heures cinquante.
Nous arrivons à Bromont-Lamothe à quinze heures. La voiture est garée dans la cour de « La Bromontoise ». Nous nous promenons dans la campagne et dans le village durant une heure, l’accueil du gîte étant annoncé pour seize heures. Une cabane d’enfant dans un arbre retient l’attention. Des fougères en nombre longent le chemin. A « La Bromontoise », le chien Bob nous accueille avant sa maîtresse Fabienne, la propriétaire des lieux avec son mari Fabien, chef d’orchestre depuis plus de quarante ans. Ils se sont rencontrés sur les bancs de l’école, placés côte à côte pour ne pas se gêner, car ils étaient tous deux gauchers. La bâtisse, née au dix-huitième siècle, a été transformée en chambres d’hôtes de 2013 à 2015, après une solitude dans le dépérissement de plus d’une décennie. La réhabilitation et l’embellissement des lieux, réalisés par nos hôtes, est remarquable. Le bon goût allié à la créativité ont redonné une nouvelle vie à la bâtisse de charme. Nous emménageons dans une chambre au premier étage dont l’entrée donne sur une salle de bain coquette dotée d’une douche d’angle pourvue d’un petit sauna vraiment original. Le plancher fluctue au gré du sol dont le niveau varie. Une chambre d’amis avec un lit de repos complète notre nid d’un soir dans le Puy-de-Dôme. Nous nous désaltérons en savourant du chocolat noir amandes et cranberries. Un temps de narration sur l’iPhone se déroule dans la quiétude de notre chez-nous temporaire. Lecture et détente s’offrent à nous après le dîner…