Nous prenons vers huit heures le desayuno [petit déjeuner] au restaurant du Parador. Morceaux de kiwis, rondelles d’orange et tranches d’ananas épluchées, morceau de melon, une fraise sans saveur, des grains de raisin noir, des cerneaux de noix apportés par un séduisant serveur stylé, des arachides, trois dattes Medjool et des rondelles de banane, composent la partition de ma collation. Le ciel bleu est décoré de filaments de nuées. Je réponds dans la matinée aux divers courriels et sms reçus pour mon anniversaire. Un appel de Francette vers onze heures couronne les messages.
Nous partons après midi
trente pour aller déjeuner. Après un détour en raison de la route fermée en
travaux à la sortie du Parador, nous stationnons la voiture après treize heures
sur le aparcamiento [parking] de la
calle Porta de San Ginés. Nous nous rendons tranquillement au restaurant hindou
« Taj Mahal Tandori » situé sur l’alameda de Cervantes. Le long du chemin,
sur la calle Santo Domingo, je m’attarde devant une façade
d’angle de maison qui a disparu. Seules restent les deux façades et les
ouvertures des fenêtres dont certaines laissent voir le ciel bleu. Nous
traversons le rond-point où les jets d’eau étagés de la fontaine « Óvalo
Santa Paula » fonctionnent aujourd’hui. Nous sommes les premiers clients alors
que les quatorze heures approchent. Les Espagnols déjeunent tard au regard des
habitudes françaises. Nous nous régalons avec un biryani de légumes et sa sauce
agréablement pimentée… et avec des lentilles épicées en sauce. Nous quittons le
restaurant vers quinze heures trente en remerciant chaleureusement le serveur
hindou qui s’est intéressé à nous en prenant le temps de bavarder. Nous allons
ensuite flâner dans la ville. Nous admirons une fontaine décorée de quatre
tritons mythologiques qui préside depuis 1957 sur la plaza de Colón ; un
cadeau du Commonwealth pour célébrer l'arrivée de l'eau potable à Lorca. À côté,
nous admirons la statue en fonte d’un enfant de couleur vêtu d'une tunique
blanche, debout sur le haut de la fontaine, qui lève les bras pour porter une œuvre
d’art sur un coquillage. La fontaine en forme de croix montre alternativement
un possible serpent enroulé autour d'un trident et un lion ailé assis. Sur le
mur d’une maison, une plaque indique que la fontaine a inspiré l'écrivain
Carlos Mellado (Madrid 1876 - Chuecos, Águilas 1934) pour composer son célèbre
poème « Mi Plaza », considéré comme l'un des dix meilleurs poèmes de la région
de Murcie au dix-neuvième siècle. Lorca a vu naître les parents de Carlos, une
des grandes figures de la poésie espagnole, qui naquit à Madrid où il vécut. La
famille Mellado passait les hivers à Madrid et les étés à Lorca. Voici une
rapide possible traduction du poème :
Dans la place tranquille, au sol poussiéreux,
Qui encercle au nord les murs d'un couvent
Qui sert d'hôpital, une verte fontaine se dévoile.
L'eau s’écoule et serpente doucement.
Il y a un troupeau de chèvres, étendu à l'ombre,
Le museau dans la poussière qui tapisse les pierres,
Un mendiant sur le seuil d'une sombre hôtellerie,
Une vieille femme remplit une cruche vide,
Quelques grands arbres, quelques trottoirs
accidentés,
Une mule debout qui fait fuir les mouches,
Un garçon qui traverse, échevelé et sale,
Un homme hagard ébouriffé aux flancs émaciés,
Une voiture couverte de poussière agitée par le
vent,
Une fille blonde au visage pâle,
Qui suit de son regard triste
La cape du marié perdu qui s'éloigne !
Nos pas nous conduisent ensuite vers le Palacio Huerto Ruano sur l’avenida Juan Carlos I, alors Alameda de Espartero lors de la construction de maisons familiales pour les membres éminents de la haute société de Lorca au milieu du dix-neuvième siècle. Le palais fut édifié sous la volonté de Raimundo Ruano Blázquez, un politicien, banquier et riche homme d'affaires qui, à ses débuts, dirigea à Edimbourg l’entreprise commerciale de son père. Le projet fut conçu par l'architecte Lorca Francisco Navarro Alcaraz. La construction commença en 1877 et fut dirigée par le maître d'œuvre Juan Gil. Les travaux furent achevés en 1879 et les décorations intérieures une année plus tard. Nous continuons notre exploration. Le long de la calle Floridablanca, qui longe un côté du palais, nous voyons une plaque posée en hommage au poète et écrivain Miguel Gimeno Castellar, né en 1895 au numéro 9 de cette rue. L’artiste écrivit des vers mémorables sur sa ville natale. Il a rendu l’âme vingt ans après ma naissance. En chemin, avant un épisode mémorable, nous voyons un médaillon sur les festivités de la Saint Patrick à Lorca. Patrick et moi devenons tour à tour un ange aux ailes colorées. Plus avant, au gré de notre fantaisie dans les rues suivies, nous arrivons devant la Parroquia de Santiago sur la calle Leones, une église baroque édifiée au quinzième siècle. Les tremblements de terre de la région de Lorca l'ont souvent affectée ; elle fut grandement détruite par le tremblement de terre du mercredi 11 mai 2011. À proximité de l’édifice religieux, sur la plaza Hermandad de la Curia, nous nous attardons devant un jardin vertical, riche de différentes espèces de plantes, réalisé par une trentaine d’étudiants. Dans les minutes suivantes, nous arrivons à la Puerta de San Ginés, une des portes de l'ancienne muraille médiévale de la ville. La porte, aussi appelée Arco de Piñero au seizième siècle, rénovée dans les années soixante, représente un exemple typique de l'architecture islamique médiévale. J’ai la surprise de voir le parking en contrebas des remparts où la Cuore est stationnée.
Nous retournons au Parador. Dans la montée, nous effectuons un arrêt pour admirer les ruines de l’église Saint-Jean. D'origine médiévale, elle offre aux regards deux superbes dômes aux tuiles vernissées qui coiffent les deux tours octogonales rescapées de l’érosion du temps. Des cultures se dévoilent sur la plaine en contrebas. Nous laissons la voiture au parking et nous allons visiter le château de Lorca. L’entrée est gratuite pour les résidents du Parador. Une charmante dame, qui s’exprime en français, nous indique comme effectuer la promenade sur le site de l’ancienne forteresse d'origine médiévale construite entre le neuvième et quinzième siècles. Elle comprenait diverses structures défensives qui furent imprenables au Moyen Âge. Ce fut l'un des plus grands châteaux d'Espagne, en raison de ses dimensions, plus de six cents mètres de long pour cent vingt mètres de large. Une catapulte médiévale se dresse dans le ciel. Différents panneaux d’informations évoquent la présence de divers papillons sur le site. La vue embrasse tout l’horizon. Nous voyons l’autoroute sept qui passe sous le château. Une grille interdit l’accès au Parador. Nous revenons sur nos pas et nous entrons dans un petit musée qui présente des archéologues figés dans leurs activités. Nous prenons vers dix-sept heures trente, un appel téléphonique de ma sœur Thérèse qui me souhaite un bon anniversaire. Nous bavardons vers le grand jeu d’échecs et l’horloge solaire dont l’ombre née de la largeur d’une réplique de l'épée magique légendaire Excalibur du roi Arthur indique l’heure. Le site fermant à dix-huit heures, nous retournons au Parador pour terminer tranquillement la journée. Un courriel de ma cousine Sonia représente "la cerise sur le gâteau" de cette magnifique journée…
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