Après le déjeuner, nous partons nous promener à Vila do Bispo, un village distant d'une dizaine de kilomètres qui fut le grenier de l'Algarve. Nombre de moulins ont disparu. Nous flânons dans les ruelles qui cascadent sur les coteaux. L’insolite, le pittoresque, les
couleurs, les vestiges, les signes du vivant, freinent agréablement nos pas. Dans
une propriété, un ancien moulin à vent rénové avec bonheur participe à la vie d’une
famille. Autre part, un jeune homme sort de chez lui pour se sécher les cheveux avec un
drap de bain suspendu au vent devant la maison. La simplicité, la sensation de
farniente et d’insouciance, de libre choix, la douceur de vivre, le naturel, la
liberté des villageois, contrastent avec le village de Cranves-Sales où nous
avons vécu nombre d’années ; tout était de plus en plus planifié, agencé, développé,
coordonné, prévu, délimité, aménagé selon des objectifs sans cesse renouvelés
dans une sensation de plus en plus présente d’enfermement dans les
réglementations. Une dame âgée nous salue depuis sa terrasse qui surplombe la ruelle très inclinée. La pierre des rambardes ouvragées a été peinte en bleu. Coiffée d’un
bonnet, elle nous répète le mot « frio » [froid] » qui
correspond à son ressenti. Aujourd’hui, l’air est plutôt tiède et les rayons alternatifs
du soleil bien agréables. Deux hiboux créatifs colorés se remarquent sur un muret de chaque côté
d’une ancienne porte en bois surmontée d’un fer à cheval. La quasi-totalité des
ruelles sont pavées et les bordurettes, une maladie en Haute-Savoie et
probablement un peu partout en France, sont inexistantes.
Nous prenons ensuite
la direction d’un site annoncé sur un panneau le long du trajet. Nous cherchons
un mégalithe :
le « Menir de
Padrão ». Au feu-rouge à l'intersection, je prends en photo une série de panneaux
indicateurs. Au pied des deux poteaux, une pancarte indique que la "Pizzeria Point" est ouverte. Le site est signalé par deux panneaux dans chaque sens de la route
étroite, distants d’au moins deux kilomètres. Nous nous arrêtons, nous suivons
un chemin de terre, nous traversons un champ, en vain. Le mégalithe reste introuvable
malgré sa présence signalée sur l’écran de l’iPhone de Patrick. Nous reprenons
la route qui mène à une plage : la Praia da Ingrina. Nichée dans une crique,
prise d’assaut par les vagues en rouleaux qui déferlent d'un seul front, elle attire des surfeurs. Un homme barbu assis à
l’arrière de son véhicule, pieds nus, répond en français à mon bonjour. Nous échangeons
quelques mots. Nous marchons sur le sable. Une fillette court après son ballon
emporté par le vent. Il s’arrête derrière Patrick qui croise le regard de la
fillette souriante. Nous décidons de grimper sur les falaises qui se succèdent
le long du littoral en suivant des sentiers fléchés. Les diverses criques que
nous admirons sont assaillies par les vagues fougueuses qui s'évanouissent dans des
jaillissements d’écume qui s’envolent vers le ciel. Les offensives bouillonnantes,
tumultueuses, jaillissantes, se succèdent sans fin pour notre plus grand
plaisir. Nous revenons sur nos après ces instants de beauté, de majesté, de
splendeur et d’émerveillement. Un jeune homme exprime sa joie en dansant
sur le parking, un autre s’affaire devant plusieurs planches de surf disposées
à côté d’une camionnette transformée en camping-car où une jeune fille lit
allongée sur un matelas qui affleure le hayon arrière. Nous persévérons au
retour dans la recherche du mégalithe. Nous nous en approchons après deux
arrêts pour le situer sur l’iPhone. La chance opère. Patrick est aux anges. Nous trouvons le monument néolithique
à proximité d’une maison attrayante par sa conception en plusieurs constructions.
La pierre millénaire est froide sous mes paumes. Je tente, vainement, de
communiquer avec elle pour connaître son histoire. Elle daterait du quatrième
millénaire avant Jésus-Christ. Nous revenons ensuite tranquillement chez nous...