Chaque vie laisse une brève trace
Un fil dans l’Univers tenace
Éternel dans la trame du temps
Chaque pas y reste important
Chaque vie laisse une brève trace
Un fil dans l’Univers tenace
Éternel dans la trame du temps
Chaque pas y reste important
Après le déjeuner, nous terminons les préparatifs du départ. La Cuore est garée vers la sortie de l’ascenseur au sous-sol. Nous effectuons plusieurs navettes depuis le troisième étage pour descendre nos affaires que Patrick range comme un puzzle dans le coffre. Nous sommes prêts à partir après quatorze heures. Nous appelons Sophie qui arrive une dizaine de minutes plus tard. Je prends des photos de l'appartement. Ensuite, en attendant l'arrivée de Sophie, je lis une page au hasard du livre « Magic Optimystic » de Éric Antoine, un petit traité d’éternelle joie de vivre présent dans l’appartement. Sophie fait un tour de l’appartement. Nous bavardons ensuite du stage de Xanath, elle nous dit qu’elle coupe le feu. Nous partons à quatorze heures quarante. La pluie tombe finement.
Durant le trajet, je pense à mon cousin Bernard qui est décédé subitement lundi, à la mort qui vient sans prendre rendez-vous ; je regarde mes émotions. Je me dis que la vie de bien des Humains se déroule comme si la mort ne devait jamais les faucher. La conscience de sa propre mort offre une vision qui s'efforce à privilégier ce qui est important pour soi lors de ce voyage temporaire sur Terre. L'expérience de la mort d'autrui ne peut en aucun cas nous donner l'idée du caractère personnel de la nôtre, de la mienne. Bernard sait-il qu'il est mort ? A-t-il cherché à mieux se connaître lui-même ? L’expérience exploratrice des voyages m'offre-t-elle de me confronter à d’autres environnements culturels en attendant que la faucheuse les interrompt ? La crise politico-sanitaire a-t-elle changé le rapport des gens à la mort ? Les peurs leur furent-elles bénéfiques ? La mort fait-elle maintenant partie intégrante de leur vie ? La rupture des liens d'attachement avec la personne morte engendre-t-elle une angoisse existentielle ? Sont-ils satisfaits par leur quotidien ? Ont-ils l'envie d'aller vivre ailleurs ? Goûtent-ils davantage l'instant présent ? Vivent-ils chaque instant avec plus d'acuité et d'intensité ? La conscience de la mort leur a-t-elle fait retrouver le sens de la valeur infinie de chaque vie ? L’idée de notre propre mort nous affecte-t-elle plus que l’idée de la mort des autres, surtout de celle des personnes qui nous sont proches ? Le sujet de la mort est-il devenu tabou durant cette pseudo pandémie ? Dans nos sociétés, rien ne nous prépare à être confronté à la prise de conscience de la mort avant que celle-ci ne soit effective. La vie et la mort sont les deux faces d'une même pièce. Chacun peut envisager la mort comme la fin ou le début de quelque chose, tout dépend où l’on regarde...
Nous arrivons pour seize heures trente à Annecy après l’achat de deux pains aux raisins chez Marie-Blachère avant le pont de Brogny. Lucas nous accueille et nous attribue la chambre 205 au rez-de-chaussée à l’arrière de l’hôtel. Nous déposons les affaires pour la nuit, nous effectuons une pause détente en sirotant une boisson chaude et nous allons nous promener avant le dîner...
« L'homme ordinaire est exigeant avec les autres. L'homme exceptionnel est exigeant avec lui-même. »
La nature n’offre aucune aide car on ne peut extraire aucun devoir de l’être ; l’univers ne fait pas de jugement moral.
Sean Carroll
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Notre plus grande gloire n'est point de tomber, mais de savoir nous relever chaque fois que nous tombons.
Confucius
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Le monde naturel ne prononce pas de jugement, il ne donne pas de conseils, il ne sait pas et ne se soucie pas de savoir ce qui doit se passer. Nous avons nous-mêmes la capacité de juger, et nous faisons partie du monde naturel, mais des individus différents auront des jugements différents.
Sean Carroll
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Nous sommes sur le quai Charles Albert Besson en début d'après-midi. Nous entrons au Palais Lumière, un ancien établissement thermal de la ville d'Évian transformé depuis 2006 en lieu culturel, pour découvrir l’exposition « Les Arpenteurs de rêves ». Le fil reliant les divers « arpenteurs » est le rêve. L’exposition se veut une invitation au voyage, au vagabondage dans l’imaginaire poétique des artistes, dont certaines œuvres sont présentées, qui percent « les portes d’ivoire ou de corne qui nous séparent du monde invisible » selon la pensée de Gérard de Nerval. Le pouvoir de l’imagination, source de tous les possibles, offre de créer la vie autrement selon la vision de chacun. Cinq chapitres se dévoilent aux regards des visiteurs : « Regards intérieurs ou figures du rêve et de la rêverie », « Expériences oniriques du paysage », « Par monstres et merveilles » et « Au fil des pages et dessins inspirés par la musique »...