dimanche 28 février 2021

Budens : Dimanche 28 février 2021

Voici le dernier jour de février. Un temps lumineux mais un peu voilé s’étend au-dessus de Budens. Après le repas, nous effectuons une promenade sur la colline qui surplombe le village. Le soleil offre quelques rayons pendant la marche. Les fleurs s’épanouissent en ce début de printemps.

 


 

Film « Mon frère, ce super héros »...

 Après une promenade ensoleillée sur les collines, nous regardons en version originale danoise, sous-titré en français, le film « Mon frère, ce super héros » [Superbror en danois] sorti en 2009... Anton, dix ans, rêve d'avoir un grand frère qui le protègerait de tous les dangers, et qui serait à la fois fort et courageux. Or Buller, son grand frère d'Anton, est autiste. Un jour, Anton découvre dans un parc une étrange roche sphérique qui contient une télécommande alien qui, par son rayon laser, transformer Buller en un garçon aux supers pouvoirs.

  Birger Larsen (22 décembre 1961 - 26 octobre 2016) était le réalisateur et scénariste danois qui a réalisé ce film qui fut nommé meilleur film pour enfants de l'année au « Buster Film Festival », il a été ensuite sélectionné au Festival du film de Berlin en 2010.



Pensée du jour

 

 Il en allait ainsi, dans le royaume des hommes. Il suffisait de quelques certitudes et d’un ennemi désigné pour rassurer les esprits vides ou troublés par l’ignorance. Toutes les peurs se focalisaient alors sur cette cible à combattre.

Maxime Chattam
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samedi 27 février 2021

Budens : Samedi 27 février 2021

 La journée est mi-figue mi-raisin. Après le repas, nous partons pour Vila Do Dispo vers la côte Ouest de l’Algarve. Nous stoppons la voiture dès que la route n’est plus goudronnée. Puis nous poursuivons à pieds. A notre gauche se profile une vaste ferme avec des vaches, des moutons et des chèvres. Puis le paysage se charge de garrigues : des arbustes qui nous sont inconnus. A notre droite se dresse un édifice futuriste et sécurisé.

Ensuite nous arrivons à la fameuse « Torre da Aspa » une borne géodésique en forme de pyramide. Puis nous poursuivons sur le chemin vers le bord de l’océan. Une panorama magnifique se dévoile devant nous. 

 




 


Promenade vers la « Torre de Aspa » et au bord du littoral...

 Nous partons après le déjeuner pour découvrir la « Torre de Aspa » dont nous avons repéré un panneau indicateur au retour de la balade de samedi dernier. Nous suivons une petite route goudronnée après Vila do Bispo qui se termine par un chemin de terre. Nous laissons la voiture vers quatorze heures au bord du chemin. Nous marchons sur un peu plus de deux kilomètres pour joindre le repère géodésique de forme pyramidale similaire à celui de la Praia da Luz. En chemin, nous remarquons une forêt dont les arbres présentent tous de multiples troncs tous différents ; l'un d'eux ressemble à une lyre. Le spectacle est magnifique ; je pose la paume de ma main droite sur le tronc de l’un d’entre eux pour me connecter à cette magie de Gaia. Nous saluons des chèvres parquées dans un immense champ d’une grande ferme dont nous voyons les bâtiments à distance. En nous approchant pour une photo, un biquet à la fourrure crème couché au sol se lève par peur pour se rapprocher de sa mère. Plus avant, nous nous approchons d’une installation technique circulaire de la société NAV Portugal dont la partie supérieure constituée d'un cercle de petits dômes blancs sur leur support m’invite à penser qu’il s’agit d’un dispositif pour entrer en contact avec les extra-terrestres. Une recherche ultérieure m’indiquera que la société NAV est un prestataire de services de navigation aérienne qui promeut la circulation ordonnée, sûre et rapide des aéronefs. Cette installation est une station antenne VOR-DME dont le dispositif de mesure de distance s’avère être un radio-transpondeur permettant de connaître la distance séparant un avion d'une station au sol en mesurant le temps que met une impulsion radioélectrique ultra haute fréquence pour faire un aller-retour. Le DME [Distance Measuring Equipment] fut inventé par Edward George "Taffy" Bowen et V.D. Burgmann. Nous atteignons un ravissant bloc de roches où le mot « Aspa » est sculpté dans la pierre avec une flèche directionnelle. Nous suivons le chemin indiqué. Nous atteignons la « Torre de Aspa » après une cinquantaine de minutes de marche sur les chemins de terre bordés régulièrement de fleurs, dont certaines de couleur jaune ressemblent à du mimosa, de plantes fleuries, de bosquets et parfois d’un maquis inextricable. Parfois les fleurs poussent au centre de la voie. Le repère géodésique, situé à environ cent cinquante mètres d'altitude, est le point culminant de la Costa Vicentina. Patrick remarque la présence d'une plaque apposée à mi-hauteur qui indique que la torre fut rénovée en 1959. Nombres de personnes ont laissé depuis lors des marques de leur passage en écrivant des mots, des prénoms, des signes et autres témoignages sur le ciment. Nous décidons ensuite de nous diriger vers les falaises. Nous suivons un autre chemin où les arbres et les plantes ont commencé une voûte. Nous atteignons le paysage côtier. La vue est magnifique. Nous descendons une colline dont le maquis est ras. Nous zigzaguons pour avancer vers le bord des falaises constamment abordées et assaillies par l'Atlantique fougueux. De grosses pâquerettes et autres fleurs participent à la beauté du lieu. La vue sur les falaises de la côte vincentine est imprenable. Sur la gauche, de grandioses replis rocheux escarpés donnent presque le vertige tant la sensation de leur dénivellement inhabituel contribue de manière frappante à rendre la descente incertaine et hésitante. Nous voyons nettement du côté de la plage de Castelejo un gros rocher continuellement chahuté par les vagues déferlantes qui s’apparente à une petite île en forme de pyramide. Les vagues écumeuses et jaillissantes dessinent une anse au large, se forment en rouleaux dont le déferlement prend des allures de mini-tsunami. Lors de la remontée, nous remarquons que la descente était plus abrupte que nous ne le pensions. Je m’attarde sur le plat devant de superbes pommes de pins couleur châtaigne. Nous revenons sur nos pas, nous repassons devant la torre et nous prenons à gauche un peu plus loin. Nous arrivons au niveau du bloc de roches à la flèche directionnelle. Nous cheminons sur le large chemin de terre rythmé par endroits d’ornières peu profondes nées du passage des véhicules. Soudain, nous sommes dépassés par une douzaine de motos cross qui roulent à vive allure. Nous échangeons des signes de main avec les pilotes. Ensuite, c’est un 4x4 qui nous dépasse. Les deux jeunes garçons barbus tout sourire dans la cabine, la tête joliment échevelée, nous saluent. Nous arrivons à la voiture vers seize heures. D’autres véhicules sont garés vers le nôtre. Nous prenons la direction de Budens par la même route. Après Vila do Bispo, en traversant le village de Raposeira, nous constatons que le petit magasin Spar est ouvert. Nous le pensions définitivement fermé…















Parc Hitachi Seaside au Japon...

 


Pensée du jour

 

 Le fascisme ne supporte pas cette idée d’un individu pouvant se séparer et jouir de sa seule destinée comme s’il n’était pas en dette par rapport à un enjeu plus collectif, même si ce dernier n’est nullement « socialiste », mais encore une fois strictement communautariste.

Cynthia Fleury
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vendredi 26 février 2021

Budens : Vendredi 26 février 2021

Un temps un peu bougon se lève sur Budens. Il commence par une averse suivie d’un ciel gris pour terminer en début de soirée par une voûte céleste dégagée avec une pleine lune resplendissante. Après le repas, nous effectuons une promenade autour du terrain de golf. Le vent est toujours présent. 

 


 

Mercredi 10 octobre 2007...

 « Attendre sans attendre » avec François Roustang

« Parce que nous avons l’habitude de vouloir maîtriser notre existence. Dans notre monde, si nous voulons quelque chose, il faut avoir un projet, une stratégie. Mais quand notre existence subit des modifications, il faut s’y prendre autrement. La vie est toujours une invention, mais pour inventer, il faut se laisser inspirer. C’est l’histoire de tous les poètes, de tous les peintres, de tous les créateurs, et c’est aussi celle du patient qui veut guérir. Inventer demande d’accepter l’aventure et l’inconnu. On ne peut pas savoir à l’avance ce qui va se passer. Une patiente m’a dit, il y a quelques jours : "Je sais que le bonheur est à portée de main, mais cela modifierait tellement de choses dans mon existence que je n’ai pas envie de changer !" »



Thich Nhat Hanh « La plénitude de l'instant »...

 « Quand nous vivons un instant de joie et de paix, cet instant ne nous guérit-il pas des difficultés passées ? Ne nous apporte-t-il pas des forces et de l'énergie pour ce que nous aurons à vivre demain ? »


« Notre société produit des millions de fantômes affamés, des gens de tous âges sans aucune racine. J'en ai rencontré qui n'avaient même pas dix ans. Ils n'ont jamais connu de bonheur et n'ont rien à quoi se rattacher. C'est la plus grave maladie de notre temps. Si l'on ne croit en rien, comment peut-on survivre ? Comment peut-on trouver l'énergie de sourire ou de toucher le tilleul ou le ciel ? Vous êtes perdu et vous vivez sans aucun sens de la responsabilité. L'alcool et les drogues détruisent votre corps. »

Journal du voyage de Siam fait en 1685 et 1686 de l’Abbé de Choisy...

 « Deux yeux ne voyent pas tout. »

Réflexions...

 « Plus les politiciens et les experts deviennent fous, plus ils réveillent le bon sens et la raison dans les populations. »

 « La crainte engendrée par le covid-19 semble en relation inverse de sa létalité »

Pensée du jour

 

 Toute liberté est relative – tu le sais trop bien – et parfois ce n’est pas de la liberté du tout, mais simplement la cage qui s’élargit et s’éloigne de toi, les barreaux rendus abstraits par la distance mais toujours présents, comme quand on « libère » des animaux sauvages dans des réserves naturelles juste pour les confiner une fois de plus derrière des frontières plus vastes.

Ocean Vuong

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jeudi 25 février 2021

Budens : Jeudi 25 février 2021

 Au lever, un ciel d’azur s’annonce puis les nuées arrivent avec rapidité. La journée est une alternance entre averses et un ciel lumineux.

Après le repas, nous effectuons la promenade dans la campagne de Budens. Nous empruntons un chemin vers la chapelle. Les méandres de la route font une boucle pour le retour au logement.

En fin d’après-midi, André joue au piano.


 

Hier... sourires...

 Une promenade majoritairement ensoleillée sur les collines s'offre à nous après le déjeuner. Nous dépassons un couple d’aînés qui chemine avec des bâtons. Nous les croisons en revenant sur nos pas. Ils ouvrent les bras malgré les bâtons et nous sourient franchement heureux de nous revoir. Je ressens de la joie. Le sourire est une invitation à l'échange. Le sourire est un joyau pour le cœur, une ouverture sur tous les possibles. Un visage qui sourit franchement ressemble à un horizon illuminé par le soleil. Dans la situation liberticide actuelle, rencontrer un visage souriant représente un cadeau d’espoir. Nous prenons trois citrons offerts dans le grand panier rempli à ras bord au l'orée du chemin ; l’abondance de Gaia devrait interpeller les politiciens qui vivent dans leur tête dans une pénurie d’abondance, de confiance et d’optimisme. Ils montre des visages maussades qui semblent en vouloir à toute l’humanité. Devant chez nous, je prends en photo Patrick qui s’apprête à ouvrir la porte...

« Journal du voyage de Siam fait en 1685 et 1686 » de l’abbé de Choisy...



Pensée du jour

  Peut-être Solon fait-il exception ; il dit dans ses poésies comment il dédaigna la tyrannie personnelle. Mais il le faisait par amour de son œuvre, pour sa législation ; et donner des lois est une forme plus raffinée de la tyrannie.

Friedrich Nietzsche
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mercredi 24 février 2021

Budens : Mercredi 24 février 2021

 Le temps est variable ce matin. Les nuées passent devant le soleil le cachant partiellement par intermittence. Le vent souffle un air frais mélangé à une certaine tiédeur. Aujourd’hui, nous nous promenons vers la colline qui domine la vallée. Nous passons devant les containers des poubelles où nous observons un poupon à l’abandon. Pendant notre balade nous rencontrons un couple. La journée passe. 

 


 

Dernier livre de Patrick Vuargnoz-Dumont « Phèdre Pax e Amor - Osez aimer ! »...

Livre E-book : 

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Livre broché :

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564 pages

Le Kanamara matsuri, la « fête du pénis de fer » est une fête annuelle shinto de la fertilité qui a se déroule à Kawasaki au Japon chaque printemps depuis 1977...

Pendant qu’en France les citoyens vivent sous un régime totalitaire avec des droits moindres que sous les régimes liberticides du vingtième siècle, au Japon, à Kanagawa (Kawasaki), la population se prépare joyeusement à célébrer la « Fête du pénis », le Kanamara mastsuri. Cette fête à lieu tous les ans au printemps avec une sorte d’apothéose phallique gustative (pâtisseries, sucres d’orge, légumes sculptés, etc.) le premier dimanche d’avril. De nos jours, la fête est l'occasion de collecter des fonds pour la lutte contre le sida. De nombreux voyageurs viennent d'Europe et d'Amérique pour y participer… Pourront-ils venir cette année ?





Hier...

 

  Après le déjeuner nous effectuons la promenade quotidienne autour du golf. Le ciel est grand bleu et le soleil brille. Je prends en photo l’attrayante maison blanche, aux terrasses arrondies superposées, sur la colline qui domine une partie du golf… et, plus avant dans le village, de ravissantes fleurs devant un muret en pierres


Pensée du jour

 

 Il faudra se réparer seuls, certes grâce à autrui aussi, grâce au monde, grâce à la création que nous inventons confrontés au Réel de celui-ci, certes, mais seuls. Il faudra aller de la mère à la mer.

Cynthia Fleury
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mardi 23 février 2021

Christian Bobin a écrit dans son livre "La lumière du monde"...

 « Je suis persuadé que, si les gens savaient réellement qu'ils allaient mourir, ils nous inviteraient chez eux pour manger. Ils parleraient à des inconnus, ouvriraient leur porte à des étrangers, partageraient avec eux des paroles et nourritures : dans l'âme de celui qui vient d'accueillir la nouvelle de sa mort imminente (et notre mort est toujours imminente), le prestige de la société diminue et une vraie intelligence grandit. »

Hier...

 

 Après le déjeuner, nous allons nous promener vers la chapelle dont la montée d’escaliers est envahie d’herbes. Nous poursuivons le chemin qui la borde. Avant de traverser le gué de la rivière, nous saluons trois personnes qui se préparent à manger dans une petite clairière ombragée. Le chemin se sépare ; nous prenons à droite dans le dessein de faire une boucle vers le petit pont au chemin toujours inondé. Nous rencontrons un vieux monsieur au bout d’un sentier sans issue ; sa femme est assise dans la voiture. Il nous indique, une fois revenus sur nos pas, de continuer la route vers la hauteur qui rejoint le petit pont. Des caravanes, dont une estompée par la végétation qui semble habitée, une voiture incendiée et d’autres véhicules, se signalent de temps à autre le long du chemin. Depuis la partie la plus élevée de notre découverte, nous voyons l’océan à distance. Une fois le petit pont franchi sur le côté pour pallier l'énorme flaque d'eau de pluie, nous revenons chez nous par le chemin habituel le long de la rivière. Des gouttes d’eau nous accueillent quelques minutes avant d’arriver. La pluie tombe ensuite fortement une fois que nous sommes rentrés ; la chance !... 


Pensée du jour

 

 Le langage est notre ontologie. Notre humanité se définit à l'aune des mots que l'on prononce ou reçoit. Sans dialogue, ni paix, ni bonheur. Le dialogue se définit comme étant une parole raisonnée et agissante qui pénètre et traverse.

Cécile Ladjali
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lundi 22 février 2021

Budens : Lundi 22 février 2021

 Le ciel est une mosaïque de bleu et de gris. Des averses par intermittence viennent mouiller les sols. Le soleil ressemble à un fantôme derrière les nuées. Nous passons près d’une chapelle qui se dresse au fond d’une rangée d’escaliers. Après s’être égarés vers un chemin en cul-de-sac, nous rejoignons la route qui longe la rivière en franchissant un pont.

 


 

Christian Bobin a écrit dans son livre "La plus que vive"...

 « L'avenir n'est rien. Le passé n'est rien. Il n'y a que l'instant présent, jusqu'à ce que celui-ci coïncide avec celui de notre mort. L'amour est encore la meilleure façon d'employer cet instant - une manière de séjourner auprès de ce que la vie a de plus faible et de plus doux. »

« Le monde n'est si meurtrier que parce qu'il est aux mains de gens qui ont commencé par se tuer eux-mêmes, par étrangler en eux toute confiance instinctive, toute liberté donnée de soi à soi. Je suis toujours étonné de voir le peu de liberté que chacun s'autorise, cette manière de coller sa respiration à la vitre des conventions, et la buée que cela donne, l'empêchement de vire, d'aimer. »

« On peut donner bien des choses à ceux que l’on aime. Des paroles, un repos, du plaisir. Tu m’as donné le plus précieux de tout: le manque. Il m’était impossible de me passer de toi, même quand je te voyais tu me manquais encore. Ma maison mentale, ma maison de cœur était fermée à double tour. Tu as cassé les vitres et depuis l’air s’y engouffre, le glacé, le brûlant, et toutes sortes de clartés. »

Pouvoir tout dire

Pouvoir tout dire

par David Cole

https://www.monde-diplomatique.fr/2017/11/COLE/58043

 

Le règne de M. Donald Trump ne doit-il pas nous inciter à réécrire le premier amendement de la Constitution américaine, qui garantit une totale liberté d’expression ? Les démonstrations de force des groupes racistes ou néonazis aux États-Unis ne doivent-elles pas nous conduire à limiter la liberté d’expression lorsque celle-ci sert d’alibi à des mots d’ordre de haine, à des actes de violence et à la remise en cause du principe d’égalité ?

Après la tragique éruption de violence survenue lors d’un attroupement de suprémacistes blancs à Charlottesville, en Virginie, le 12 août dernier, ces questions sont revenues brutalement à l’ordre du jour. Beaucoup se sont étonnés que l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU), dont je suis le directeur juridique, ait soutenu l’organisateur de ce rassemblement, M. Jason Kessler, quand il a contesté la décision de la mairie de Charlottesville de lui retirer son autorisation de manifester. Quelle mouche nous avait donc piqués ? Les autorités proposaient de déplacer le rassemblement à un kilomètre et demi du lieu initialement prévu — l’Emancipation Park, aux pieds de la statue du général sudiste Robert E. Lee, menacée de déboulonnage et que M. Kessler et ses partisans entendaient protéger —, mais sans préciser en quoi le maintien de l’ordre public serait mieux assuré là-bas plutôt qu’ici. Comme le font depuis près d’un siècle les antennes locales de l’ACLU pour des milliers de défilés, le bureau de Virginie a fourni à M. Kessler une aide juridique afin qu’il obtienne l’autorisation de manifester. Les violences sanglantes qui s’en sont ensuivies justifient-elles qu’on restreigne le périmètre de la liberté d’expression ?

Le sort du premier amendement pourrait bien être en jeu. Selon une étude du Pew Research Center publiée en 2015, 40 % des Américains âgés de 18 à 40 ans estiment que l’État devrait avoir les coudées franches pour interdire les propos jugés stigmatisants à l’égard de telle ou telle minorité, un point de vue partagé par seulement 12 % de leurs compatriotes nés entre 1928 et 1945. Aujourd’hui, les jeunes attachent moins de prix à la liberté d’expression que leurs grands-parents. Dans la plupart des pays européens, le racisme n’est pas une opinion autorisée à s’exprimer librement, ce qui démontre qu’en démocratie ce sujet peut s’appréhender de plusieurs manières.

Les arguments en faveur de l’interdiction des propos racistes reposent fondamentalement sur l’idée que, lorsque la liberté d’expression entre en conflit avec l’égalité, c’est-à-dire avec l’impératif de non-discrimination, c’est ce dernier qui doit prévaloir (1). Pour les partisans d’une régulation du premier amendement, le « marché des idées » n’est pas cette mythique table de jeu où chacun débat sur un même pied avec ses contradicteurs, mais un espace hiérarchisé soumis à la loi du plus fort ou du plus bruyant. Quand un locuteur en domine un autre ou le réduit au silence, la liberté d’expression cesse d’opérer dans l’intérêt de tous. Les discours racistes ne sauraient avoir droit de cité, surtout dans un pays à ce point marqué par les violences sociales et étatiques infligées aux Afro-Américains tout au long de leur histoire, de l’esclavage d’hier à la ségrégation de fait d’aujourd’hui. D’autant, ajoutent certains, que le rapport de forces a changé. En 1977, quand la bourgade de Skokie, près de Chicago, accueillit un défilé de militants néonazis, le contexte politique de l’époque rendait cette parade d’opérette relativement inoffensive et par conséquent tolérable. Il en va tout autrement de nos jours, avec des suprémacistes blancs dont le meilleur ami n’est autre que le président des États-Unis lui-même.

Tous ces arguments sont parfaitement recevables. La société américaine est profondément inégalitaire et le fléau du racisme continue d’y faire des ravages. Nul doute que la parole raciste se concrétise par des passages à l’acte et produise un effet d’intimidation qui empêche des personnes vulnérables d’exercer leurs droits. Le malin plaisir pris par M. Trump à flatter le ressentiment blanc ainsi que sa réticence à condamner les adeptes du white power après les violences de Charlottesville encouragent les racistes à persévérer. Pourtant, aucune de ces vérités ne justifie que l’on permette à l’État de restreindre le champ de la liberté d’expression.

Opposer liberté et égalité conduit à une impasse. Le principe de la liberté de parole s’impose indépendamment de ses conditions d’exercice. Presque tous les droits humains — y compris celui à la libre expression — s’exercent selon des conditions inégales, parfois même en creusant les inégalités. Le droit de propriété, par exemple, profite plus aux millionnaires qu’aux pauvres. Les propriétaires jouissent davantage du droit à la vie privée que les locataires, qui, de leur côté, tirent un meilleur bénéfice de ce droit que les sans-logis. Le droit de choisir le mode d’éducation de ses enfants n’est pas d’une grande utilité pour les parents impécunieux qui ne pourront jamais inscrire les leurs dans une école privée — il contribue en réalité à la ségrégation scolaire et à la reproduction des privilèges. Les droits de la défense avantagent le justiciable qui a les moyens de se payer les services d’un avocat influent, au détriment du malchanceux qui dépend des subsides de l’État pour s’en remettre à un commis d’office — et tant pis si ces droits se paient au prix d’une flagrante injustice structurelle de l’appareil judiciaire.

Certains objectent que le premier amendement fait exception, dans la mesure où l’inégalité entre celui qui monopolise la parole et celui qui n’y accède que rarement, voire jamais, fausse le « marché des idées ». Mais ce marché n’est qu’une métaphore : il ne désigne pas une méthode scientifique visant à définir une vérité, mais la possibilité d’un choix dans un éventail d’opinions. Il suggère simplement que l’État reste neutre plutôt que de nous dicter ce qui est vrai et de nous interdire le reste. On peut légitimement douter des « débats » où prédomine le point de vue des hommes d’affaires capables d’acheter l’accès à la parole publique, mais on ne gagnerait rien à laisser l’administration Trump — ni celle d’un Obama, d’ailleurs — contrôler ce qui peut être dit ou doit être tu. Tant que nous considérons la liberté d’expression comme un critère de la vie démocratique et comme une condition de l’équilibre des pouvoirs, nous nous trahirions nous-mêmes en autorisant nos dirigeants à gommer les points de vue qui leur paraîtraient inappropriés, erronés ou offensants.

Le racisme structurel qui charpente l’histoire des États-Unis change-t-il la donne ? Assurément, les Afro-Américains ont subi un préjudice unique que le pays peine à prendre en compte. Mais réserver un traitement à part aux invectives dont ils sont la cible ne ferait que bafouer le principe essentiel de la liberté d’expression — la neutralité de l’État — sans pour autant leur rendre justice. Et que faire des propos haineux déversés sur les autres minorités ? Amérindiens, Asiatiques, Latinos, musulmans, femmes, lesbiennes, gays, bisexuels et trans (LGBT) — chacun de ces groupes a son expérience particulière des mécanismes d’oppression et de discrimination à l’œuvre dans la société. Les pouvoirs publics doivent-ils censurer toute expression verbale jugée insultante ou stigmatisante pour l’un ou l’autre de ces groupes ? Et si tous ne peuvent être logés à la même enseigne, selon quels critères identifier ceux qui méritent une protection spéciale ?

Quand bien même nous trouverions une réponse satisfaisante à ces questions, nous nous heurterions toujours à la plus épineuse d’entre toutes : comment définir un propos illicite ? L’État doit-il être en mesure de réduire au silence tout argument contre la discrimination positive ou sur les différences génétiques entre femmes et hommes, ou doit-il limiter sa censure aux braillements de comptoir racistes et sexistes ? Diagnostiquer une discrimination est chose aisée ; établir des critères rigoureux permettant d’identifier et d’éliminer les propos discriminatoires, sans donner à l’État le pouvoir discrétionnaire de dire le bien et le mal et de causer par là même de nouvelles discriminations, c’est mission impossible.

Ne vaut-il tout de même pas la peine d’essayer, avec un Donald Trump à la Maison Blanche et des suprémacistes blancs qui entendent sonner l’heure de la revanche ? Tirer pareille conclusion serait une erreur funeste. Si nous confiions à l’État le pouvoir de criminaliser les propos attentatoires aux « valeurs américaines », M. Trump et ses alliés ne seraient que trop heureux d’en user et d’en abuser. Toute limitation étatique de la liberté d’expression aboutit en effet à cette contradiction majeure : elle vise à protéger les minorités vulnérables en renforçant les prérogatives d’un État qui se proclame l’émanation de la majorité. Pourquoi donc les minorités confieraient-elles aux représentants de la majorité le soin de décréter quels discours doivent être bannis ou permis ? Il fut un temps aux États-Unis où la plupart des Blancs considéraient la ségrégation des Noirs comme la façon la plus adéquate d’assurer l’égalité raciale — « égaux mais séparés », disait l’adage. Le droit de contester les vues dominantes, inscrit dans le premier amendement, nous a permis de les rejeter.

Comme le rappelait l’ancien esclave et militant abolitionniste Frederick Douglass, « le pouvoir ne concède rien sans réclamation. Il ne l’a jamais fait et ne le fera jamais ». Tout au long de notre histoire, les minorités opprimées ont fait usage du premier amendement pour s’exprimer, s’associer et se rassembler en vue de réclamer leurs droits — l’ACLU les a toujours soutenues dans leur combat. Que seraient devenus les mouvements pour les droits civiques, les droits des femmes ou les droits des LGBT sans le solide appui du premier amendement ?

Bien entendu, il serait infiniment plus commode pour l’ACLU de ne représenter les intérêts que de ceux dont elle partage la philosophie. Mais, en réservant la liberté d’expression à ceux qui pensent comme nous, quelle base nous reste-t-il pour exiger des autres qu’ils tolèrent des points de vue opposés aux leurs ?

 

David Cole

 

Directeur juridique de l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU), fondée en 1920 pour défendre la liberté d’expression garantie par le premier amendement de la Constitution américaine et apporter un concours juridique aux groupes, souvent minoritaires et impopulaires, qui font valoir publiquement leur point de vue. Une version longue de cet article est parue dans la New York Review of Books (28 septembre 2017).

 

(1) Parmi les principaux ouvrages publiés aux États-Unis qui défendent ce point de vue, citons en particulier Mari J. Matsuda, Charles R. Lawrence III, Richard Delgado et Kimberlé Williams Crenshaw, Words That Wound : Critical Race Theory, Assaultive Speech, and the First Amendment, Westview Press, Boulder (Colorado), 1993. cf. également Jeremy Waldron, The Harm in Hate Speech, Harvard University Press, Cambridge (Massachusetts), 2012.

 

 

 « Dans votre société, il arrive souvent que vous ne voyiez pas les contradictions de vos propres constructions morales. La contradiction entre le fait de faire des choses qui, vous le savez très bien, raccourciront lentement votre vie et le fait de faire des choses qui la raccourciront rapidement est l’une des plus flagrantes de l’expérience humaine. »

« Conversations avec Dieu » tome 3 de Neale Donald Walsch

Pensée du jour

 

 Tu n'es plus là où tu étais, mais tu es partout là où je suis.
     
Victor Hugo
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dimanche 21 février 2021

Budens : Dimanche 21 février 2021

Curieusement, la journée commence avec de la pluie. Des averses se déversent comme des seaux d’eau sur la campagne de Budens. Après le repas, nous effectuons notre promenade le long du ruisseau qui conduit vers l’océan. Une accalmie permet d’éviter d’être mouillés même si quelques gouttes viennent humidifier nos vêtements.

 


 

Bourlinguer sur le fleuve du temps et sur les chemins de l'imagination...

Après une promenade "pluie et soleil", nous regardons le film « Land of the lost » à l’intrigue originale, insolite, légère et farfelue pour un agréable moment de détente et d'aventures spatio-temporelles... 

Pensée du jour

 

 Restituer le visage fait partie de la double réparation, celle du sujet, qui s’est laissé ravir par la haine, et celle de l’autre, qui a pu subir ses égarements cruels.

Cynthia Fleury
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samedi 20 février 2021

Budens : Samedi 20 février 2021

 Le temps est couvert. Les nuées s’entremêlent comme l’écume d’un café sur le ciel de Budens. Après le repas, nous partons vers l’océan à l’ouest de l’Algarve. Nous accédons à la Praia do Castelejo  par une étroite route jusqu’à une percée du vaste plateau qui surplombe les eaux. Un vent insistant souffle en permanence et soulève les grains de sable.

Les vagues se déchaînent contre la plage et lèchent les rochers qui émergent de la côte. Nous marchons sur le sable doré entrecoupé de roches jusqu’à la Praia de Cordoama. La marée commence sa montée en débordant sur nos pas. Nous revenons vers notre point de départ. 

 




 

Promenade de la Praia do Castelejo à la Praia da Cordoama...

 Nous partons après le repas pour la Praia do Castelejo. Après le village de Vila do Bispo, nous tombons en admiration devant un enchevêtrement de collines et de ravins verdoyants. Nous arrivons à la Praia do Castelejo un peu après quatorze heures. Nous cheminons vers l’ouest sur le sable ocre jaune, aux grains très fins mouillés par la caresse finale des vagues, et sur des roches volcaniques pour joindre la Praia da Cordoama, distante d’environ deux kilomètres. Les flots déchaînés cavalcadent dans d’harmonieuses fantaisies, les vagues en rouleaux se chevauchent comme autant d’impétueux galops aquatiques qui se succèdent sans fin avec aisance dans la plus grande désinvolture. Telle une forteresse imprenable, un îlot rocheux à fleur du rivage subit vaillamment les assauts successifs des vagues qui s’élancent à sa conquête, le chahutent avec véhémence dans de grandioses éclaboussures. Par endroits, des roches noires accidentées semblent jaillir verticalement du sable dans une fabuleuse chorégraphie imaginaire passionnément rythmée par un chef d’orchestre invisible. Des bécasseaux se déplacent à vive allure comme s’ils glissaient sur le sable velouté d’un filet d’eau. Les vagues aux brisants éclatant d'une blancheur de neige jouent une mélodie exubérante qui nous escorte tout au long de notre marche. La vivacité du ressac nous invite à être attentifs pour éviter l’abordage de nos pieds. Nous atteignons la Praia do Cordoama le cœur léger, émerveillés et agréablement étourdis par la fantasia et la beauté sauvage du littoral baigné d’une continuelle audacieuse barrière aquatique qui emplit tout l’horizon par ses continuelles cascades vigoureuses. Au retour, le vent de face freine notre avancée. De temps à autre, Eole donne naissance à des fumerolles de sable qui s'envolent et glissent sur la plage en tourbillonnant au gré de sa fantaisie. Je mets ma capuche par pallier ces rafales tournoyantes qui brouillent la vue.  La marée remonte progressivement. Quand les vagues téméraires dépassent les rochers et progressent sur le sable, nous avançons au plus près des falaises aux strates noires irrégulières et dentelées pour éviter d’avoir les pieds mouillés. Le ciel en camaïeu de gris dessine des nuées aux motifs en continuel changement. De retour à la plage de Castelejo, nous dépassons notre point de départ pour poursuivre jusqu’à son extrémité est aux pieds des falaises. Nous rencontrons un couple britannique avec une fillette de moins de trois ans. Nous admirons des fleurs jaunes et d’autres rouge fuchsia en remontant la rampe inclinée bordée de balustrades en bois qui mène au parking. Nous effectuons deux haltes avant de traverser Vila do Bispo. Un improbable mégalithe à la forme créative se dévoile. Plus avant, nous découvrons sur une petite éminence une maison abandonnée, aux ouvertures béantes, couverte de graffitis. Nous sommes de retour à Budens vers seize heures trente…