Il y avait cette glu si collante qu’elle fixait les gens au sol.
Il y avait cette grisaille si prenante que les teintes s’évanouissaient.
Il y avait cette noirceur qui contaminait le cœur ; celle qui divisait les gens ; celle qui fracturait la communauté où les enfants dénonçaient les parents, où les parents abandonnaient leurs parents dans les sombres maisons sans nom, sans lieux, sans valeur.
Le Prince distillait la peur comme un élixir de la pureté de la pensée, de la normalité du vivre ensemble et de l’obéissance absolue. Et les gens craignaient, même de leur ombre. Ils avaient peur de la mort qu’ils en oubliaient de vivre.
Le Prince séduisait le peuple, il disait :
« Ecoutez-moi, entendez uniquement ma voix, je suis la seule vérité, et vous promets le bonheur pour demain ; endurez ce moment, ce court moment, et le bonheur sera pour demain. »
Et si une personne faisait la remarque mais le bonheur n’est pas venu alors que hier le Prince l’avait promis pour aujourd’hui.
Le Prince répliquait « C’est faux, le bonheur est pour demain, je ne l’ai pas promis pour aujourd’hui, ni pour hier mais uniquement pour demain. La vérité est ma marque de fabrique ; je promets le bonheur pour demain. »
Ce sont les paroles du Prince séducteur, le venin, le venin disait « Je vous connais tous, vous êtes tous pareils, nous faisons tous partie du même Empire, mon Empire ! »
Lorsque les ténèbres furent au paroxysme en leur dernier jour, que la lumière gagna une minute de plus, un enfant parla et il déclara à la foule :
« Il y a une lumière en chacun d’entre nous ; peut-être l’avez-vous oublié, mais cette étincelle brûle en vous. Cet éclat unique et singulier se donne à nous, il consiste à voir toutes choses que le monde se donne à nous sous l’aspect de toute éternité, chose singulièrement d’essence singulière car l’humain en général est un leurre (un dogme). Chaque humain est un être singulier et unique, chaque humain est un monde dans ce monde, et que nous sommes tous unis par cette singularité. »
Et la lumière fut.
L’étincelle de chaque personne s’épanouissait, illuminait le monde ; même le Prince sut que l’enfant avait dit la vérité.
Le jour où la lumière gagna une minute de plus devint une fête, la fête de tous, tous singuliers et tous ensemble.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire