mercredi 9 décembre 2020

La culpabilisation collective, arme idéologique absolue

Thomas Verden pour FranceSoir

 

« Nous sommes en guerre » ! Cette phrase prononcée il y a quelques mois par le président Macron n’est pas seulement un slogan politique destiné à frapper la population, elle exprime une manière de comprendre la relation à la maladie : l’ennemi est en face et il faut le supprimer.

Tout le monde ou presque sait pourtant aujourd’hui au moins deux choses : premièrement que nous sommes porteurs d’une quantité énorme de virus en tous genre qui stimulent et renforcent notre système immunitaire, autrement dit notre capacité à nous défendre. Deuxièmement, qu’un virus n’est viable qu’au sein d’un organisme et absolument jamais de façon isolée telle une entité indépendante. Or ces deux principes connus de tous ont été totalement occultés dans la manière dont le problème « corona » a été médicalement et médiatiquement traité.

Le virus a été présenté à la manière d’une entité autonome, indépendante des facteurs organiques individuels. On a donc complètement objectivé le concept de virus en en faisant un ennemi en soi justifiant une attitude frontale de « déclaration de guerre ».

L’image qui a été façonnée correspond exactement à celle d’un terroriste frappant n’importe qui, n’importe où, n’importe quand.  Le portrait-robot de la covid 19 est donc celui d’un psychopathe meurtrier lâchant ses bombes virales dans les populations du monde entier et risquant d’en décimer une partie importante.

Mais outre cette gigantesque menace qui, numériquement parlant, dépasse de bien loin Al-qaida ou Daech, ce terroriste d’un genre nouveau possède une propriété supplémentaire qui fait de lui un danger sans précédent. Tout comme dans le jeu du « loup » des enfants, celui qui est touché devient lui-même le loup, le prédateur. Autrement dit tout le monde se sent porteur potentiel de cette explosive « bombe virale », tout le monde devient potentiellement ce terrifiant terroriste vis-à-vis de tout le monde.

C’est très rigoureusement cette image qui a été créée et implantée dans les consciences. Et l’effet premier de cette image, qu’on l’admette ou non, c’est la terreur.

 

De la terreur à la culpabilisation

 

La peur est certes un prodigieux levier idéologique. Ce phénomène a souvent été relevé dans le cadre de cette épidémie mais il en est un autre possédant une puissance encore supérieure.

Il y a quelques années, l’atout de toute politique médicale préventive était la protection personnelle. Mais en peu de temps le « protégez-vous » s’est transformé en « si vous ne vous protégez pas vous mettez en danger les autres » ! Un retournement de paradigme d’une prodigieuse puissance psychologique.

En étant saisi par une valeur profondément éthique où la pensée vers autrui l’emporte sur l’intérêt personnel, l’individu est directement touché au cœur de sa conscience morale : quelle sorte d’être humain suis-je donc si je ne fais pas ce qu’exige la protection d’autrui ?

Or dans le cadre de l’image « virus meurtrier », que signifie ne pas protéger les autres ? Pesons de tout leur poids les conséquences d’airain d’une problématique posée de cette façon-là. Il en découle une logique implacable : par ma faute, quelqu’un peut contracter le virus et en mourir. Je deviens donc un criminel en puissance !

Dès lors que l’on est captif d’un réseau de pensées qui prend sa racine dans le concept « virus terroriste et meurtrier », dès lors que l’on implante dans ma conscience que je suis potentiellement ce terroriste meurtrier, l’injonction « mettre en danger les autres » acquiert une force illimitée et devient la pièce à double face d’un puissant levier idéologique et psychologique : côté face, la bonne intention morale de protection d’autrui et côté pile, le jugement implacable envers celui qui n’agit pas conformément à la préconisation dominante et officielle !

L’union du couple peur/culpabilité devient le ferment actif d’une véritable dictature par le bas : chacun exige de l’autre qu’il se soumette à une nécessité éthique de groupe, laquelle devient l’acte obligé de la totalité des individus.

L’Etat, la version scientifique officielle, l’opinion publique se tournent vers l’insoumis : si tu n’agis pas conformément à la préconisation générale, tu deviens un criminel potentiel ! Pire encore, lorsque cette injonction semble sortir tout droit de ma propre conscience!

Une bien singulière éthique que celle qui s’appuie sur le ressort psychologique de la culpabilité !

 

De la culpabilisation à l’obligation vaccinale

 

« Tant que nous n’aurons pas un vaccin, nous ne parviendrons pas à éradiquer cette pandémie !»

La phrase culte rabâchée à satiété sur toutes les ondes ou presque du monde entier, fait apparaître, en face de l’entité conceptuelle « virus terroriste », une autre entité conceptuelle à caractère quasi messianique : « le vaccin sauveur ». C’est donc lui, l’unique, le seul... que l’on appelle de nos vœux, que l’on attend avec ferveur !

Là encore, la même logique déroule son fil d’airain : puisque le terroriste est potentiellement en chacun de nous, le sauveur doit entrer en chacun de nous. Logique implacable ! Dès lors, l’exception doit être bannie.

Et c’est ici que le concept « d’obligation vaccinale » fait son entrée en scène.

Bien que le 24 novembre dernier, le président Macron ait annoncé « Je ne rendrai pas la vaccination obligatoire », tout donne à penser que la question est sans doute très loin d’être définitivement réglée. D’une part parce cette perspective concerne de très nombreux pays de par le monde. D’autre part, parce qu’à la suite de l’annonce présidentielle, nous serions tentés de demander si cette « promesse » reste valable quoi qu’il arrive ?

Autrement dit, est-ce une décision ponctuelle relative à la situation présente ou est-ce une décision définitive qui relève de la conviction éthique du droit au libre choix ? Cette « petite » précision ne me semble pas inutile dans le contexte général dans lequel nous nous trouvons.

Pour ces différentes raisons il est urgent que la question de l’obligation vaccinale soit réellement pensée dans ses implications les plus profondes du point de vue humain.

 

Une éthique…. totalitaire.

 

L’infectiologue Karine Lacombe déclare : “[…] Comme dans toute société solidaire et altruiste, ce sont ceux qui accepteront de se faire vacciner qui vont protéger les autres… car lorsque l’on accepte de se faire vacciner on se protège soi mais aussi les autres »”* interview Marie Claire 16/11/2020

L’élément premier qui me semble le plus profondément pervers dans une telle déclaration réside dans le ligotage d’une valeur humaniste à une obligation de ce genre !

Une merveille de manipulation psychologique permettant d’imposer ce que l’on veut à une population ! Le propos des plus simplistes vise implicitement à diviser d’emblée la société en deux groupes : d’un côté, les individus solidaires, altruistes, ceux qui possèdent de vraies valeurs morales et éthiques et, de l’autre côté, les purs égoïstes méprisant le danger de mort qu’ils font courir à autrui !

Chers lecteurs, vous avez donc le choix : le volontariat vaccinal et vous êtes du côté du bien, de l’altruisme, ou le refus d’obligation et vous représentez le mal, l’égoïsme. L’individu est littéralement pris en étau entre ce qu’il ne souhaite pas et ce qu’il est contraint de faire s’il veut rester un individu moral aux yeux de la société.

Quant aux insoumis, les humanistes plein de bonté qui veillent sur l’avenir de l’humanité pointeront vers eux le doigt accusateur : « La persistance des épidémies et des morts seront votre fait ! ».

Karine Lacombe, qui s’inscrit dans la droite ligne de l’approche gouvernementale n’ajoutait-elle pas à ses propos cités plus haut : « Malheureusement, si la défiance est trop importante, la vaccination devra être rendue obligatoire […]. »

Dans l’esprit de cette dernière, la liberté vaccinale ne peut être conservée que sur la base d’un volontariat massif. L’arrivée annoncée du vaccin pour les mois, voire semaines qui viennent, va de toute évidence de pair avec une campagne médiatique destinée à en faire comprendre à la population l’enjeu... éthique, puisque « ce sont ceux qui accepteront de se faire vacciner qui vont protéger les autres ».

Ce n’est donc que si la population ne devient pas massivement altruiste à la manière dont madame Lacombe le conçoit, que « la vaccination devra être rendue obligatoire. […] ».

Dès lors, la loi apparaîtra en justicier dont la tâche sera de « contraindre à la raison », celui qui s’en écartera. Au « mieux » on isolera les rebelles en leur interdisant tout accès à la vie commune, au pire...

Pas à pas, étape par étape, la divergence se transforme insensiblement en dissidence, la conviction personnelle en obligation morale, la préconisation médicale en contrainte juridique.

L’idée de la vaccination « pour autrui » engendre, non pas un altruisme véritable mais une grave atteinte à la liberté de conscience. Des valeurs aussi profondes que la solidarité et l’altruisme sont ici placées sur un plan illégitime, ayant pour effet d’engendrer le plus insidieusement qui soit une forme d’éthique par la culpabilité, une éthique excluant toute altérité d’opinion, une éthique… totalitaire.

Cette prise en otage odieusement manipulatrice des bons sentiments doit être mise à jour et dénoncée !

 

Les sophismes de l’obligation vaccinale

 

Premièrement, à celui qui accuserait mes propos d’égoïstes, je réponds en premier lieu que l’approche médicale qui aboutit à une telle « préconisation », est tout sauf une vérité scientifique absolue et unique. Il y a donc d’autres façon de penser la résolution du problème ! Les plus grands scientifiques mondiaux se sont diversement expliqués sur ce point. La volonté d’obligation vaccinale est donc d’abord l’expression d’une idéologie médicale qui se croit absolue. Elle représente déjà une dictature de la pensée. Cette dernière conduit inévitablement à une dictature de l’action.

Il ne s’agit donc en aucun cas d’égoïsme ou d’irresponsabilité mais d’une autre façon de concevoir la résolution du problème ! L’obligation vaccinale interdit cette altérité.

Que l’on regarde seulement, avec honnêteté, le fossé existant entre le fait d’être positif à un test PCR (dont le CT est situé entre 35 et 50) et le fait d’être réellement porteur d’un virus actif : un premier décompte engendrerait déjà une chute vertigineuse des chiffres. Que l’on regarde ensuite, à partir de ce qui reste, le second fossé existant entre ceux qui sont vraiment porteurs du virus et ceux dont la vie est réellement en danger, un deuxième décompte ferait encore chuter les chiffres de façon tout aussi vertigineuse.

Sur la base de chiffres réalistes et honnêtes qui rendraient compte qualitativement des risques réels, une fois retranchées les personnes déjà atteintes de pathologies graves après soixante-dix ans, les diabétiques et quelques autres affections, on arriverait à un taux de létalité totalement dérisoire !

Au mépris du réel, on inonde la population de chiffres globaux, gonflés, qu’on illustre en dénichant les cas d’exception servant la thèse dominante.

Deuxièmement, pourquoi un individu non vacciné mettrait-il en danger des individus vaccinés ? Sauf si le vaccin est inefficace, nulle personne vaccinée ne devrait se sentir mise en danger puisque justement la vaccination est, pour celui qui le souhaite, la garantie de sa protection ! Sauf génocide de la logique, nul n’a besoin de la vaccination d’autrui pour se protéger lui-même !

Précisons bien qu’il n’est pas question ici d’opposer les pour et les contre la vaccination ; nous parlons de l’obligation vaccinale, laquelle relève d’une discrimination négative pénalisant des gens sains qui ne souhaitent pas la vaccination pour eux-mêmes.

La conservation de son intégrité corporelle et intellectuelle comme principe éthique supérieur à toutes les autres.

A la spoliation du principe d’autodétermination qui garantit le respect de la personne individuelle s’ajoute la violation de l’intégrité corporelle. Car peut-on imposer à des individus sains de corps et d’esprit d’introduire, sous la contrainte, des substances dans leur propre corps ?

De la science-fiction ? Non cette menace est aujourd’hui bien réelle et ne manque pas de faire frémir toute personne attachée à l’exercice de sa liberté de choix. Il semblerait que l’humanité actuelle doive de nouveau mener un combat pour la conserver.

Dans les temps qui viennent, l’être humain devra absolument exiger jusque dans la loi, de garder le pouvoir absolu de décision concernant sa propre entité corporelle. L’intégrité corporelle doit rester affaire individuelle ! Ce principe doit être placé au-dessus de tous les autres.

Nul ne saurait être obligé de consentir à un acte qui aurait la valeur d’un viol. Nul ne doit faire l’objet d’une répression morale et juridique pour un tel choix.

Au Danemark, le projet de loi qui vient d’être fermement contesté par une minorité lucide et active consistait à octroyer au ministère de la santé « ... la capacité d'isoler, de traiter de force et de vacciner de force des groupes de population si cela vise à enrayer la maladie contagieuse".

Avons-nous bien lu ? Il est question d’obliger des groupes de population, à une vaccination, manu militari ! Au nom de la protection de tous cela va sans dire !

La question est donc d’une extrême gravité ! Que l’on soit favorable ou défavorable pour soi-même à tel ou tel vaccin n’est pas la question. La seule question ici est de savoir qui doit en décider ? Est-ce chaque individu selon sa conscience ou est-ce une autorité de tutelle qui prétend posséder la connaissance ultime de ce qu’il convient de faire ?

Tout le monde doit donc se sentir concerné par un tel enjeu. Quels que soient ses choix médicaux, tout être humain qui aime la démocratie, doit revendiquer avec force le même degré de liberté de choix pour celui qui pense autrement que lui !

 

Ce n’est pas une question d’égoïsme, c’est une question de dignité !

 

Toute obligation de ce type revient à destituer l’individu de son droit à se déterminer lui-même. Seul un individu qui conserve cette liberté peut encore être appelé individu. Ou alors ne parlons plus de démocratie, de liberté mais d’un troupeau de moutons guidés par les bons bergers de la conscience morale universelle...

Gardez votre obligation vaccinale solidaire, je garde ma dignité

Madame Lacombe, j’ignore quelle est la valeur marchande, pour vous et vos frères d’armes, de cette « éthique du vaccin pour le bien d’autrui », que vous défendez si bien en vous drapant de rigueur scientifique et d’altruisme. Je refuse votre morale vrillée et manipulatrice qui à mes yeux n’est rien d’autre que le signe avant-coureur d’une monstrueuse dictature.

Je souhaite pouvoir me vacciner si je le veux, et ne pas me vacciner si je ne le veux pas ! C’est mon affaire. Je l’affirme comme principe souverain.

Et je récuse l’idée simpliste et perverse de l’égoïsme ou de la mise en danger d’autrui si je ne souscris pas à votre logique. Le danger, le vrai, c’est le totalitarisme qui sévit dans les consciences de directeurs de conscience sans conscience.

Nul argument fallacieux, nulle propagande, nuls détours par une troisième, une quatrième vagues… ne me feront abandonner mon bien le plus précieux, gage de la dignité humaine : ma liberté de penser, de choisir, d’agir, de devenir !

En d’autres temps, les hommes ont dû lutter pour conquérir leur liberté. Faut-t-il désormais en faire de même pour la conserver ? Humains qui voulons le rester, il nous faut réclamer avec force une garantie de droit, pérenne et non négociable du pouvoir souverain de tout individu à disposer de son intégrité corporelle. Plus encore, la protection juridique contre toute discrimination d’accès à quelque service que ce soit au seul motif de la non-vaccination doit être, dans un état démocratique, garantie par la loi. Une ostracisation par voie détournée équivaudrait à un asservissement déguisé en libre choix et reviendrait à mettre un costume de démocrate sur une dictature.

Le temps est venu de nous unir, indépendamment de toute appartenance, de toute nationalité, sur la base du seul attachement à une valeur universelle, qui fait de nous des êtres humains à part entière, porteurs de nos idées, de nos choix, de notre liberté.

 

Thomas Verden, conseiller pédagogique et philosophe

 

Auteur(s): Thomas Verden pour FranceSoir

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