« Bientôt je découvris que le collège n’était pas tout à fait le séjour idéal que j’avais imaginé. Je dus me résigner à revenir sur bien des rêves qui avaient réjoui ma jeune inexpérience et qui bientôt s’évanouirent dans la banalité du train-train quotidien. J’en arrivais même à trouver, à la longue, que le collège pourrait bien avoir ses mauvais côtés. Celui qui m’éprouva le plus était le manque de temps. J’avais accoutumé de prendre le temps de penser, de réfléchir, et souvent, le soir, de me laisser bercer par quelque rêverie, en écoutant dans le mystère de mon âme ces mélodies intérieures qu’on entend qu’aux heures de calme repos, quand les vers de quelque poète favori éveillent dans le cœur jusque-là silencieux, des accords nouveaux, profonds et doux. Mais au collège on n’a pas le temps de communier avec ses propres idées. Il semble que l’on n’y aille que pour entasser des connaissances, non pour y apprendre à penser. » page 122
Livre « Sourde, muette et aveugle – Histoire de ma vie » de Helen Keller (1880-1968)
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