Nous partons avant onze heures. Des gouttes de pluie tombent et l’air est presque froid. Nous prenons du carburant chez E. Leclerc à Carentan les Marais sur Saint-Hilaire-Petitville. Patrick conduit jusqu’à Bayeux. Le site de Balleroy s’annonce avantageusement sur un panneau touristique le long du trajet. Nous arrivons à destination à onze heures trente-cinq. Nous trouvons fortuitement le parking payant longue durée de la gare de Bayeux sur le boulevard Maréchal Montgomery. Nous sommes agréablement surpris de constater que la première journée de stationnement est gratuite. Nous payons zéro euro en entrant juste le numéro d’immatriculation dans la borne de paiement. En cheminant vers le centre-ville, j’admire le long du boulevard Sadi Carnot trois vénérables tilleuls à la ramure épanouie. Je me positionne dans le rond-point d'Ornano, qui accueille artistiquement les visiteurs de la ville, pour photographier un chevalier en armure sur son destrier avec en arrière-plan l’éblouissante cathédrale. Deux villas normandes dévoilent leur charme. Je m’attarde devant le Castel, une Guest house. La cathédrale impressionne par sa taille sans commune mesure avec celle de l’ancien village. Hugo nous accueille au restaurant végétarien Lemon Perk, installé dans une ancienne bâtisse qui fait la part belle à la pierre et au bois. Hugo nous escorte dans la salle du premier étage à la décoration attrayante. Nous grimpons un escalier en bois, raide et étroit, qui se continue pour accéder au second étage où se trouve la cuisine. Nous prenons place à la table réservée dont la vue depuis la fenêtre donne sur la cathédrale. Dans la coquette bibliothèque en bois blond à la disposition de la clientèle, je trouve pour un euro le livre « Jonathan Livingston le goéland » de Richard Back, lu avec joie voici bien des années. Durant la préparation du repas, la connexion Internet étant gratuite, je regarde des photos du château de Balleroy sur l'écran de l'iPhone. Nous apprécions une soupe courgette et aubergine en entrée. Je vois Hugo qui monte et descend les escaliers sans cesse entre le rez-de-chaussée et le second étage. Le plat principal arrive. Patrick savoure une part de quiche oignon et Comté, servie avec une salade verte. Du thé Earl Grey Kusmi Tea accompagne son mets. Mes papilles se régalent avec des nouilles, à température ambiante, servies avec des crudités et des cacahuètes, le tout nappé de sauce cacahuète maison. Les minutes voient arriver un couple anglais avec sa fille adolescente qui s’installent à la table voisine. Nous les saluons en quittant la table ; la dame m’offre un radieux sourire. Après m’être rincé les dents, je m’assois dans un cabriolet pendant que Patrick va aux toilettes à son tour. La dame anglaise descend et me tend le parapluie que j’ai oublié. Je la remercie vivement en anglais et je lui souhaite « A great day ». Nous échangeons un éclatant sourire. Le ciel est devenu bleu et le soleil brille. Nous nous dirigeons vers le musée qui abrite la célèbre tapisserie de Bayeux. Nous nous attardons devant le Moulin de la Galette le long de la rue de Nesmond.
Au
Moyen-Âge, le moulin appartenait à l’hôpital de Bayeux et servait de moulin à
huile et farine pour tous les habitants du quartier. Aujourd’hui, le restaurant
réputé Le Moulin de la Galette occupe les lieux dans la trame temporelle. Les
propriétaires entretiennent la roue du moulin qui tourne toujours pour le
plaisir des visiteurs en leur offrant un cadre exceptionnel dans une faille
temporelle vers le passé.
Plus avant sur la rue, nous arrivons au musée qui abrite la célèbre tapisserie de Bayeux. La longue file d’attente sous le soleil nous dissuade d'entrer. Nous allons dans le magasin de souvenirs du musée. Nous achetons un boîtier à lunettes décoré d’une infime partie de la tapisserie, une carte postale pour Maya et un livre qui retrace l’histoire de la tapisserie, en anglais, la version française étant en rupture de stock. Alice encaisse le montant de nos emplettes. Nous allons flâner dans la vieille ville. Nous traversons le parc Michel Ornano où j’admire un superbe saule pleureur à la ramure magnifique. Autre part, toujours sur la rivière l'Aure, le moulin à eau du Coisel se dévoile. Nous entrons dans le jardin de Salomé qui rend hommage à une jeune Bayeusaine, Salomé Girard, qui, à dix-huit ans, perdit la vie place Jemaa el Fna à Marrakech au Maroc, victime d’un attentat le 28 avril 2011. Nous suivons une venelle depuis la rue Saint-Jean ; elle se termine devant une grande tour de cinq à six étages qui est à vendre. L’édifice patiente en espérant retrouver un nouvel éclat. A l’office du tourisme, Orlane nous donne un plan de la ville et sa collègue échange avec complaisance le livre acheté en anglais par sa version en français. Nous découvrons les alentours de la cathédrale. Dans la rue des Cuisiniers, où de belles maisons anciennes dévoilent leur charme, j'assiste aux retrouvailles de deux dames qui s’embrassent fougueusement sur la bouche. Celle qui me fait face capte mon regard et se sent gênée ; je lui souris avec enthousiasme. Nous entrons dans la cathédrale. Le lieu est grandiose ; certains vitraux sont spectaculaires de beauté. Nous sortons par une porte latérale destinée aux personnes avec handicaps, la nef se répartissant sur trois niveaux. Nous nous arrêtons devant l’hôtel Tardif dans la rue de Nesmond. Nous entrons pour admirer la cour intérieure. Le Tardif Noble Guest house occupe un manoir privé datant du dix-huitième siècle, situé dans l'ancien jardin botanique de Bayeux. Nous retournons au musée pour voir si la file d‘attente s’est résorbée. Je m’attarde en chemin devant la boutique Bayeux Broderie à la séduisante façade bleu roi. Au musée, la file est encore plus longue. Nous décidons d’avancer l’heure du thé. Nous nous rendons au salon de thé Café Cuillère au 33 rue Saint-Jean. En chemin, je vois une voiture Nissan Qashqai grise immatriculée au Royaume-Uni ; il s’agit peut-être de celle de la famille qui occupait la table voisine au restaurant. Nous arrivons vers quinze heures trente au salon de thé. Nous sommes accueillis par Amy qui a épousé un gars des États-Unis d’Amérique. Un choix de thé en vrac, conséquent, varié et attractif, s’offre au regard dans un beau meuble coloré à rayonnages composé de divers éléments qui s'harmonisent. Patrick choisit un thé Earl Grey et j’opte pour un rooibos dont Amy me fait sentir les effluves en ouvrant la boîte. Comme les deux jeunes dames Danoises assises à ma gauche, nous optons de concert pour un clafoutis aux fruits rouges. Mon regard se promène sur la décoration attrayante durant ces instants de détente et de bien-être. De retour dans la rue où les touristes sont toujours aussi nombreux, nous retournons au musée où nous renonçons pour la troisième fois à intégrer la file d’attente pour découvrir la célèbre tapisserie de Bayeux.
La
Tapisserie de Bayeux a probablement été réalisée peu de temps après le
couronnement de Guillaume Le Conquérant sur le trône d’Angleterre le 25
décembre 1066 après sa victoire à la bataille d’Hastings en octobre de la même
année. Ce chef d’œuvre de l’art roman aurait été commandée par l’évêque Odon, le demi-frère
de Guillaume le Conquérant, pour orner sa nouvelle cathédrale à Bayeux en 1077.
Elle raconte les évènements de la conquête de l’Angleterre par le duc de
Normandie. Le récit de la Tapisserie de Bayeux commence en 1064 lorsque le roi
d’Angleterre Edouard le Confesseur charge son beau-frère de se rendre en
Normandie pour proposer à son petit cousin, Guillaume, sa succession sur le
trône d’Angleterre. La broderie, qui aurait été exécutée par des moines de la
cathédrale de Canterbury dans le Kent, se termine par la fuite des fidèles de
Harold Godwinson, prétendant au trône, beau-frère du roi défunt et conte de Wessex…
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