lundi 8 août 2022

Hier... Découverte de la surprenante Saint-Malo dans la Manche en Bretagne…

Nous partons à dix heures trente de Melesse. En route, un panneau touristique vante le village et le château de Combourg. Le trafic est dense pour un dimanche et nous en sommes surpris. Tous les véhicules semblent se diriger vers la côte aux nombreuses plages le long du littoral. Nous arrivons environ une heure plus tard dans le port principal de la côte nord de Bretagne. Le galion l’Étoile du Roy trône, magnifique, dans la rade de Saint-Malo quand nous parvenons, en roulant au ralenti, au parking P13 du quai est. Tous les parkings précédents le long de notre trajet sont complets. Un autre galion plus humble côtoie l’Étoile du Roy. Les visiteurs se comptent par centaines autour de nous. Nous pénétrons dans la vieille ville par la porte Saint Vincent agrandie au dix-septième siècle sous l’impulsion de Vauban pour gagner un nouveau quartier sur la mer. Nous nous dirigeons vers le restaurant végétarien Annadata. Les tables du premier service sont toutes réservées. Nous allons déjeuner au restaurant indien Le Penjab dans la proche rue Sainte Barbe. Nolwenn, qui porte le prénom d’une princesse irlandaise, nous accueille avec un radieux sourire. La couleur orange l’emporte dans ses habits indiens. Un turban écharpe coloré noué autour de la tête, elle est superbe. Nous choisissons des pakoras en entrée servis avec une petite salade de crudités. Patrick sirote un lassie à la mangue avec un byriani Sabzi de légumes. Je prends plaisir à savourer un dal de lentilles blondes avec du riz Basmati. La salle est joliment décorée et les minutes indiennes profitent de notre présence.

Nous saluons notre hôtesse en partant et nous nous dirigeons vers les remparts. En chemin, je m’attarde devant une fresque où l’aphorisme « Plus on cherche de réponses, plus il y a de questions » est illustré par une peinture représentative. Une large rampe pavée inclinée nous permet d’accéder facilement aux remparts. La vue est magnifique. L’île du Fort National, un bastion appartenant à une vieille famille bretonne, accessible à pieds à marée basse, attire plaisamment l’attention. Appelé autrefois « Fort Royal » et « Fort Impérial », le fort fut construit en 1689 sur les ordres du Roi Louis XIV sous la houlette de l’ingénieur Siméon Garangeau d’après les plans de Vauban pour défendre la ville… à la même époque, les remparts de Saint-Malo furent renforcés. Bastion avancé de la cité dite corsaire, le fort caméléon s’inscrit dans l’éventail des fortifications qui, tels des avant-postes, se répartissaient du Fort-la-Latte jusqu'à la pointe de la Varde. Nous cheminons sur les remparts ; je pense un instant à ceux de Dubrovnik. Une mouette se pose près de moi sans peur. Elle trottine tranquillement sur la large bordure inclinée en pierres taillées. Différentes plages se dévoilent au pied des remparts. Les baigneurs et les adeptes du bronzage sont nombreux. Nous grimpons en haut de la Tour Bidouane par un escalier en colimaçon en pierre. Nous montons sur la terrasse du Cavalier des Champs-Vauvert qui dévoile la présence d’une statue du légendaire et héroïque « roi des corsaires » Robert Surcouf (1773-1827), à l’honneur chatouilleux, sculptée par Alfred Caravanniez né à Saint-Nazaire en 1851. Le corsaire, homme de chair, corpulent, bon vivant, croulant sous l’or et la gloire, mit fin à sa vie d’aventurier à trente-cinq ans. Ses colères soudaines étaient tempérées par une générosité proverbiale. Inaugurée le lundi 6 juillet 1903, la statue fut déplacée en 1958 sur la terrasse du cavalier des Champs-Vauvert, rebaptisée place du Québec. Une séduisante échauguette a oublié depuis belle lurette de surveiller les abords. Nous sommes nombreux sur les remparts, mon regard se promène distraitement alentour en avançant à pas de fourmis. Je vois un monsieur sur son balcon qui arrange sur un étendoir du linge à sécher. Nous voyons à distance les forts du Grand Bé et du Petit Bé, d’autres postes maritimes avancés, tous édifiés pour défendre le royaume des invasions anglaises et hollandaises. Ces citadelles construites sur des rochers au milieu des flots témoignent du génie militaire des ingénieurs du Roi soleil. Nous sommes sur le côté nord des remparts. En voyant à distance la station balnéaire de Dinard, réputée pour ses villas Belle Époque et le festival annuel du film britannique, je pense à ma cousine Monique venue à Dinard il y a environ un mois et demi. Patrick monte quelques degrés abrupts pour accéder au bastion de la Hollande pour photographier le monument en hommage à Jacques Cartier, le grand navigateur malouin qui, alors qu'il cherchait un passage vers l'Asie, découvrit en 1534… une « grande rivière qui marche » ; il la baptisera rivière Saint-Laurent… et la région où vivaient les Iroquois qu’il appellera Canada, un mot dérivé du mot huron et iroquois "kanata" signifiant "village". Œuvre de l’artiste Georges Barreau, la statue  fut inaugurée en juillet 1905.

Au niveau de la porte de Dinan, dans la rue du même nom, décorée de guirlandes à fanions multicolores, nous regardons un petit train touristique aux toits vitrés qui arrive. Plus avant sur les remparts, nous voyons la grande roue qui se dresse vers le port de plaisance. Nous terminons la boucle des remparts, qui ceinture le vieux Saint-Malo intra-muros, au niveau de la porte Saint Vincent. Avant de descendre les escaliers en pierre à l‘intérieur des remparts, qui comptent divers paliers et tournants, je prends en photo le beau carrousel qui fait la joie des petits et des grands. Vers la porte Saint Vincent, je suis sous le charme d’un arbre vénérable à la ramure épanouie, au tronc incliné, qui dépasse vigoureusement les murs d’enceinte. Je m’attarde devant une plaque en marbre dédié à l’Enchanteur, à François-René, vicomte de Chateaubriand, qui naquit le dimanche 4 septembre 1768 à Saint-Malo. Nous prenons le chemin qui mène à l’île du Fort National. Notre dessein de marcher sur la bande de sable pour nous y rendre tombe à l’eau, c’est le cas de le dire, car la marée montante recouvre l’accès pédestre (voir la photo "avant" et "après"). Nous revenons sur nos pas. Les plages perdent de la surface avec la marée. J’achète une carte postale pour Florian et Laura. Nous traversons la place des Frères Lamennais où des jeux pour enfants et des bancs publics sont ceinturés d’arbres en pleine jeunesse. La présence du récent hôtel Golden Tulip le Grand Bé semble expliquer la rénovation de la place. Un papa et sa fillette, assis côte à côte sur une bordurette, savourent chacun une glace dans son cornet. Nous profitons des méandres des rues pour aller arpenter la jetée emblématique de Saint-Malo, vieille de 180 ans, longue d'un demi-kilomètre, construite avec du granit des îles Chausey. Selon la légende, elle fut nommée « Môle des Noires » en hommage aux femmes de marins, habillées de noir, qui guettaient l’improbable retour de leurs époux disparus en mer. Le mot « môle », qui vient de « molo », « jetée » en italien, rappelle que Saint-Malo eut des liens commerciaux étroits avec l’Italie. Destinée à protéger l’avant-port, la jetée sert de brise-lames lors des grandes marées. Le serpent de pierres qui fend la mer se termine par une tourelle d’une dizaine de mètres. Un garçonnet lance sa ligne de pêche sous le regard attentif de son père. Les eaux de la baie caressée par le vent, presque bleu nuit, contrastent avec le bleu azur du ciel. Nous revenons sur nos pas, nous retraversons l’esplanade Robert-Surcouf, nous nous dirigeons vers la place Jean de Châtillon pour vivre des instants de détente au salon de thé Bergamote, repéré par Patrick sur le Web. Toutes les tables sont occupées, aussi bien sur la terrasse que dans la salle du rez-de-chaussée et du premier étage. Jean-François ou Ronan Vigour, l’un des deux frères associés dans la belle aventure du salon de thé familial réputé, un bel homme habillé de noir, un nœud papillon assorti, chaussé de baskets blanches, nous accueille, installe deux chaises pliantes devant la terrasse et nous invite à s’asseoir le temps qu’une table se libère. Il nous apporte la carte pour effectuer notre choix. Une dizaine de minutes plus tard, nous prenons place à une table à l’intérieur, au rez-de-chaussée, vers la vitrine où sont présentées les douceurs-maison réalisées par l’équipe du salon de thé. Patrick jette son dévolu sur un thé noir Tsar Alexandre et sur des scones anglais natures servis toastés au beurre avec marmelade d'orange, confiture de fraise et double crème. De mon côté, je choisis un thé rooibos Pleine Lune aux éclats d’amande, épices et fruit… et un pur fondant au chocolat sans farine avec ganache et double crème. Toute l’équipe est habillée comme le bel homme qui nous a accueillis. Une famille anime joyeusement la table ronde voisine où, à côté de moi, un beau garçonnet, le cheveu châtain clair, les yeux bleus pétillants, gesticule sur sa chaise de temps à autre. Il porte un sweat molletonné noisette ; il met et quitte la capuche selon sa fantaisie. Il me regarde de temps à autre. Les minutes gourmandes se promènent agréablement sur les papilles. Après ces instants de bien-être et de farniente, nous retournons en flânant vers le parking. Nous achetons un kouign Amann au beurre Bordier, une des spécialités de Saint-Malo, à la boulangerie Maison Hector, riche de plusieurs points de vente dans la vieille ville. Nous payons un peu moins de dix euros pour les quelque six heures de stationnement. Les yeux baignés de beauté, nous reprenons la route après plus de dix mille pas et quelque six kilomètres dans les jambes…
















































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