Nous partons après le déjeuner. Le ciel se dévoile maintenant en bleu et le soleil brille. Un après-midi exceptionnel dans un site d’exception s’annonce. À l’entrée de Fougères, nous garons la voiture devant la Maison Funéraire des Rochelettes, aux yeux de bœuf en losange comme pour donner une autre vision de la vie aux trépassés. Nous allons prendre une photo générale de la cité et du panneau d'agglomération qui indique la localité. Nous arrivons dans les minutes suivantes au parking ombragé de la Poterne qui se montre complet. Après un crochet sur un parking payant, nous retournons au parking gratuit repéré un peu plus haut en contrebas d’une maison en cours de finition où se déroule une fête sous deux petits chapiteaux blancs. Tout commence ensuite par la ruelle du rocher coupé qui nous mène au pied des remparts du château médiéval de Fougères. Je suis sous le charme de l’enceinte de la forteresse, riche de tours, de tourelles, de meurtrières, de mâchicoulis et de créneaux, entourée d’un parc attrayant aux arbres centenaires dont un superbe saule pleureur. Je fais une étreinte au tronc de deux d’entre eux sans que mes mains puissent se rejoindre. Nous cheminons vers une des entrées du château : la porte Notre-Dame Fougères qui donne accès à la cité fortifiée. Un passage en pierre offre à Patrick de découvrir des roues de moulin. Celles que nous regardons, « les roues par-dessus », voient l’eau qui arrive par un canal placé sur le dessus de la roue. L’eau se déverse en contrebas dans un auget situé sur le pourtour de la roue ; le poids de l’eau fournit la puissance et entraîne la rotation. Les touristes nombreux profitent comme nous de ce havre de beauté. Un jeune homme qui porte des lunettes à la Harry Potter nous vend deux billets d’entrée au château pour dix-huit euros. Nous flânons dans la basse-cour qui fut le lieu de vie du seigneur et des villageois quand le château était attaqué. Une maquette en pierre de la forteresse du passé se dévoile. Un trébuchet se remarque, une arme à contrepoids. Dans la base de la proche tour Raoul, nous essayons un heaume qui permet une vision à 360° du site médiéval. Nous marchons sur le chemin de ronde. La vue est plaisante et je me sens bien à déambuler « dans le ciel » sur les pierres taillées foulées depuis des centaines d’années. Un arbre magnifique s’est épanoui dans la basse-cour et dépasse toutes les tours environnantes dont les poivrières présentent toutes une toiture conique. Depuis le haut de la tour des Gobelins, qui bénéficie de deux poivrières de tailles différentes, Patrick voit un lac proche du village. Nous décidons de nous y rendre. Nous quittons l’enceinte du château et nous suivons l’allée des Anglais. À diverses reprises, nous voyons une affiche à l’écriture enfantine, présentée différemment et artistiquement, à propos d’Alfi, un chat gris « perdu » par une fillette ou un garçonnet. Un promeneur nous indique le chemin le plus plaisant à suivre pour le circuit touristique de la Carrière du Rocher Coupé. Des marches ponctuent la grimpée de temps à autre. Parvenus au point culminant en haut des falaises coupées, nous pouvons admirer le lac qui a pris place dans l’ancienne carrière. Nous longeons une haie sans fin de mûrons. Comme un gamin, je me gave de ces baies mûres à la saveur exquise. Une trouée dans la végétation nous offre une vue superbe du lac et du château en arrière-plan. Pour éviter d’autres escaliers dans la descente longeant le lac, nous nous éloignons par la ruelle de Bemouche. Nous sommes sur la colline de Rillé. Au lieu de la dévaler, nous suivons lentement la rue de Rillé bordée de maisons anciennes, toutes différentes. Nous entrons par erreur dans un couvent, la Maison-Mère des Sœurs du Christ Rédempteur. Parvenus sur la place Raoul II, nous nous dirigeons au centre de la vieille ville en grimpant la rue de la Pinterie pour aller nous désaltérer au salon de thé L’Audace, repéré sur le web sur la rue Nationale, qui est ouvert le dimanche. Je m’attarde dans la montée devant la belle enseigne de l’atelier d’enluminure et calligraphie « Le Parchemin des Limbes ». Nous passons devant l’ancien théâtre. Avant d’arriver à destination, nous faisons un léger crochet pour observer le Beffroi de Fougères, une tour-horloge. Dénué de cadran, l’édifice est pourvu de cloches et d’un timbre, une cloche immobile sans battant frappée par un marteau, qui cadencent les journées de la cité fougeraise depuis plus de six cents ans.
Nous
entrons à seize heures passées à l’Audace. Flavie et Faustine nous accueillent
avec le sourire enchanteur. La décoration, qui évoque le temps jadis, captive
l’imaginaire dans une rêverie à nulle autre pareille. La fantaisie se révèle
dans les séduisants artefacts qui embellissent le salon de thé. Le mobilier
hétéroclite agréablement séducteur offre un écrin de bien-être pour siroter un
thé rooibos aux saveurs fruitées et pour savourer une incomparable douceur
exquise aux trois chocolats qui rendrait jaloux les plus grands pâtissiers. Les
deux thés infusent au rythme d’un élégant sablier argenté dont le sable fin de
différentes couleurs des trois ampoules en verre trace l’écoulement des
secondes de trois temps donnés. Deux vaisseliers perpendiculaires garnis de
boîtes de thé colorées se dévoilent aux regards qui se promènent dans la salle
agréablement tempérée grâce à la construction en pierres d’autrefois qui abrite
ce trésor petits bonheurs où il fait bon se détendre. Les minutes s’égrènent
dans une douce quiétude propice à la remontée des beaux souvenirs de l’après-midi
passé dans et autour du château. Un faux plafond tendu de couleur bleu lavande,
un mur en pierres au cœur médiéval, des murs peints en crème, des appliques
discrètes et décoratives, un plancher en bois clair baigné des ombres du soleil
couchant, une banque en briques rougeâtres où trônent les pâtisseries du jour,
une petite arrière-salle pour les amoureux, côtoient harmonieusement tradition
et modernité, mémoire du passé et charme du présent, pour le plus grand plaisir
de la clientèle qui oublie aisément le tourbillon trépidant de la vie du vingt
et unième siècle. Une adresse incontournable pour le visiteur du château et du
village de Fougères. Sans le salon de thé « L’Audace » le village de Fougères
ne serait plus le même…
En sortant de ce lieu de bien-être après
quarante-cinq minutes passées « en dehors de l’horloge »,
nous allons découvrir le jardin public en contrebas de l’église Saint-léonard
organisé en terrasses contre le massif rocheux où est né le village médiéval. Un
petit train touristique s’arrête le long d’un rempart panoramique à la longue
balustrade en pierre qui offre d’autres perspectives du château. Nous
descendons les terrasses. Un escalier de contes de fées se dévoile. Le jardin
enchanteur fait la part belle aux écrivains et à la poésie en dévoilant de-ci delà
des extraits de créations littéraires. Après quelque douze mille pas de
découvertes sur plus de six kilomètres parcourus, nous bouclons la boucle par
la rue des Tanneurs et par celle de la Providence après nous être attardés
devant de magnifiques maisons médiévales. Nous remontons vers le parking en
empruntant une seconde fois l’allée du rocher coupé. Une ancienne borne en
pierre indiquant la distance pour se rendre à Rennes interpelle les souvenirs de
Patrick et d’un monsieur qui retourne en famille au même parking. Nous avons
vécu un après-midi paradisiaque dans la richesse des siècles passés…
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