dimanche 13 septembre 2020

Hier... Castelo de Mértola...

 Après le déjeuner, nous partons à la découverte de Mértola. Un plein de carburant est effectué à l’Intermarché de Vila Real de San Antonio. Plus tard, nous quittons l’Algarve et nous entrons dans la région de l'Alentejo. Nous arrivons à destination vers quinze heures. J’arrête la voiture sur le bas-côté par deux fois pour admirer le château perché sur sa colline, les remparts et les contreforts en dénivelé. Nous traversons le pont de Arcos de Mértola à la circulation alternée. Des nuées se promènent dans le ciel bleu. Des fouilles archéologiques effectuées dans les années soixante-dix à Mértola ont montré des traces qui remonteraient à la période néolithique. La ville fut appelée Mírtilis Júlia après l'invasion romaine de la péninsule. Elle fut ensuite occupée par les Wisigoths et plus tard par les Musulmans qui la nommèrent Mārtulah.

Nous garons la voiture sous un arbre à la petite ramure sur le largo do Rossio do Carmo. Nous descendons la coquette rua 25 de Abril où les troncs des arbres qui jalonnent le trottoir pavé sont décorés de canevas de lainage multicolores. Des décorations sont suspendues à certaines branches. Je m’attarde devant la maison blanche au numéro 39 aux encadrements peints en jaune moutarde. Fixées devant les deux oculus rectangulaires en verre opaque de la porte d’entrée en bois de couleur ocre marron, les superbes grilles décorées chacune d’un bouquet de fleurs colorées en fer forgé montrent leur magnificence. Je dis bonjour à une dame habillée tout en noir sur le pas de sa porte. Plus avant sur la rue aux maisons blanchies à la chaux, je m’attarde cette fois au numéro 23 devant la Casa Rosmaninho pourvue d’une terrasse sur la toiture du second niveau. Paula et Rui louent des chambres. Un arbre aux superbes fleurs roses décore l’angle gauche de la maison à la façade jaune vanille et à la porte bleu océan.

Tout comme à Alcoutim, la rivière Guadiana serpente au bas du village. Nous prenons des photos. Une fresque se dévoile devant le café Guadiana surplombé d’une tourelle carrée et d’un rempart sur lequel le mot « liberdade » se lit. Nous grimpons des ruelles pavées pour atteindre l’entrée du château. Nous passons devant l’igreja Matriz de Nossa Senhora da Anunciação. Nous nous approchons de la statue équestre de Abūʾl-Qāsim Amad ibn al-usayn ibn Qasī, un penseur soufi et un chef musulman qui s’est rebellé contre l'avancée des Almoravides dans la région. Il fut gouverneur de la Taïfa de Mertola, un royaume éphémère au onzième siècle qui passera rapidement après sa mort sous le joug des Almohades. Sous le règne de Sancho II, la ville fut reprise par les Portugais, lors de la longue reconquête chrétienne de la péninsule Ibérique. Ibn Qasī a été assassiné en 1151 à Silves où nous découvrirons ultérieurement le château. Il est connu pour avoir écrit le traité « L'enlèvement des sandales » qui traite notamment de philosophie et du soufisme.

Depuis la colline, nous voyons le cimetière en contrebas. Nous entrons dans le château qui abrite un musée dans le haut donjon quadrangulaire, fermé probablement par manque de touristes, qui domine les alentours. Nous sommes seuls dans l’enceinte du château après le départ d’une famille et d’un couple croisé à notre arrivée. Depuis les remparts, non sécurisés, la vue nous offre d’embrasser la rivière et la ville. À l’opposé de la cour haute, depuis une partie de rempart partiellement amputé avec les années, nous voyons nettement les cinq arches blanches élancées aux chaînages ocre brun du pont de Arcos de Mértola, superbement rénové, qui enjambe la ribeira de Oeiras, une rivière qui se jette plus bas sur la rive droite du Guadiana. Nous déambulons dans les cours du château au dénivelé accidenté. Des blocs de pierre taillée qui ont traversé les siècles montrent des sculptures avec des écussons et autres symboles du passé. Une première construction aurait été initiée sur le site entre 930 et 1030 à l'époque islamique, une période où la ville fut un important port fluvial entre Mérida et l'Atlantique. Le château tel que nous le voyons aujourd'hui remonterait au treizième siècle, lorsque les Portugais reprirent les terres du sud aux Arabes. Le fort fut construit en utilisant la structure de l’ancien Alcazaba pour devenir une forteresse réputée impénétrable. Les premières structures défensives furent édifiées tour à tour par les Romains et les Barbares, furent consolidées par les Maures pour devenir la place forte principale de la région. La Torre de Menagem [le donjon] daterait de 1292. Les murailles extérieures furent bâties sous le règne de Denis 1er et les travaux continuèrent pendant tout le quatorzième siècle.

Pour la petite histoire, Denis du Portugal, surnommé le Laboureur, le Roi Agriculteur, le Roi Poète, le Roi Troubadour et le Père de la Patrie, naquit à Lisbonne le dimanche 9 octobre 1261 et mourut à Santarém le mardi 7 janvier 1325. Deuxième fils du roi Alphonse III et de son épouse l'infante Béatrice de Castille, il devint le sixième roi de Portugal en 1279 et le cinquième de l'Algarve. Il est considéré comme l'un des plus importants poètes troubadours portugais.

Nous entrons dans une galerie où des peintures de Guilherme Parente sont exposées. La dame à l’accueil met son masque sans nous demander d’en porter un, car nous sommes les seuls visiteurs ; la distanciation sociale est inutile. Un parfum de Saint-Exupéry flotte sur les toiles où des objets, des animaux et des végétaux apparaissent comme par magie pour peupler les peintures. Ils émergent d'un magma de couleurs et semblent doucement posés sur les toiles comme s’ils naissaient involontairement dans une sorte de téléportation spontanée projetée par le vent de l'imagination. Guilherme Parente est né à Lisbonne en 1940. Au début des années 1960, il étudia la peinture  avec le  maître Roberto Araújo à la Société nationale des beaux-arts de Lisbonne.

Après une dernière flânerie, nous sortons du château dont la guérite d’accueil est fermée. Le manque de touristes explique probablement cette situation. Nous voyons une grande usine abandonnée sur la rive opposée de la rivière dont les ouvertures béantes sont livrées à l’usure du temps. Nous retournons au parking en suivant la rua pavée Cândido dos Reis. La ville est comme morte. Une dame bavarde avec une autre personne sur le pas de la porte de la demeure située au numéro 32 qui fait angle avec une autre grande bâtisse aux murs ocre jaune. Patrick prend le volant pour le retour. Nous nous arrêtons au village de São Bartolomeu devant la Panificação [boulangerie] Veia & Calados où j’achète cinq douceurs pour quatre euros. Nous arrivons chez nous pour la pause-détente...




























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