Après le déjeuner, nous partons pour la ville de Faro, le chef-lieu de
l'Algarve. A un moment donné, je laisse passer devant nous un véhicule avec deux garçons à bord. Je vois un radieux sourire sur le visage du passager quand le véhicule tourne. Nous arrivons à destination après une petite heure en voiture. Nous
effectuons des courses au magasin « Quinoa Bio Nature » sur la rua de
Sao Luis. La commerçante sympathique comprend le français, mais le parle
difficilement. L’offre est limitée. Il s’agit du seul magasin bio de
Faro ! De l’huile de noix de coco et des biscuits à la caroube font partie
de nos emplettes. En retournant au parking, nous nous arrêtons chez Betty Boop.
La star des dessins animés anime une pâtisserie à la production locale et
familiale. Nous achetons deux spécialités. Des gouttes de pluie s’échappent des
nuages. Nous nous rendons ensuite dans la vieille ville de Faro dont l’attrait semble
limité. Nombre de graffitis inesthétiques nuisent à l’harmonie des vieilles
pierres. Nous entrons par l’arche étroite en pierre de la Portas do Mar qui date de la période mauresque. Une ancienne
bâtisse d’angle se lamente de son apparence délabrée due aux passages des ans. Nous
traversons une grande place où trône la cathédrale édifiée dans le style
gothique après la reconquête de la ville aux Maures au milieu du treizième
siècle. Antérieurement, un temple romain et une mosquée musulmane s’élevaient
au même emplacement. Un avion de ligne passe à basse altitude et donne
l’impression d’effleurer le haut de la cathédrale ; stupéfiant ! Le temps
d’une photo et l’avion s’éloigne. Autre part, sur la praça Dom Afonso III la
terrasse du restaurant galerie Vila
Adentro s’ouvre généreusement sur les pavés de la place. Le restaurant
tient son nom des remparts de la vieille ville qui, autrefois, entouraient un
château. Il était situé près des docks lesquels surplombent les lagunes et
les îles du cordon littoral de Faro qui font partie intégrante de la Ria
Formosa. Nous sortons de la vieille ville par l’Arco [arc] do Repouso. Sur
la gauche, le coquet Jardim da rua José
Maria Brandeiro se dévoile avec de grands arbres élancés dans le ciel en
camaïeu de gris ; un ancien azulejo,
représentant la conquête de Faro et l'octroi du
Foral à Santa Maria de Faro par le roi du Portugal Afonso III en 1266,
interpelle par sa présence. Nous suivons la rue. Patrick m’indique la présence
d’une séduisante bâtisse aux murs bleu clair et aux riches embellissements en
pierre ouvragée. Il s’agit du Palacete
Belmarço. Sa tourelle carrée d’angle répartie sur trois niveaux est
superbe. Le palais fut construit pour le riche marchand Manuel de Jesus
Belmarço qui en fit sa résidence principale. Elle fait la part belle à divers ornements
décoratifs en pierres sculptées hérités du passé architectural. La tourelle se
termine par une élégante tour de guet mansardée pourvue d’un balcon d’angle en
fer forgé. Une tête de femme au sourire énigmatique flanque la droite de la
porte principale. La construction fut confiée au début des années 1910 à
l'architecte Manuel Joaquim Norte Júnior de Lisbonne qui affectionnait l'esthétisme
historiciste et éclectique qu’il exprima magistralement dans les opulents
éléments décoratifs des façades qui donnèrent de l'importance, du volume et du
relief à la géométrie. Manuel, né à Faro en 1857, fit fortune au Brésil en tant que négociant
en céréales et café. Il profita peu de son palais, car il mourut en 1918 dans
sa soixantaine. Toutefois, son fils aîné Vidal Alberto et son épouse Amélia vécurent
dans le palais jusqu'à la fin de leur vie.
En 2006, Estamo, une entreprise publique gérant les
actifs immobiliers de l'État, a acquis la propriété en 2006. Elle l'a vendue
aux enchères publiques huit ans après à l'homme d'affaires João Rodrigues, propriétaire
de diverses entreprises dont « Suburbs » et « Herdade do Menir ».
João, né à Faro, possède la marque de vin « Couteiro-mor » ; il
est aussi l’actionnaire majoritaire du « Sporting Club Farense », un
club portugais de football fondé en 1910 basé dans la ville de Faro. João a
entrepris une longue et minutieuse réhabilitation deux ans plus tard avec le
renforcement de la structure du palais qui était dans un état avancé de
dégradation, notamment à l’intérieur. Le palais abrite aujourd’hui le siège
administratif de plusieurs entreprises du groupe de João Rodrigues qui a
également acheté aux enchères l'ancien bâtiment de l'école primaire, en cours
de transformation pour devenir un hôtel de charme.
Nous poursuivons notre marche. À l’angle de la rua Veríssimo de Almeida,
nous voyons le bâtiment jaune et blanc de la société « Chocolate artesanal de Beatriz ». Beatriz Bonacalza est argentine
et originaire de San Carlos de Bariloche, une ville argentine de Patagonie réputée,
considérée comme la « Petite Suisse argentine ». Bariloche a acquis une solide
tradition dans la production de chocolats artisanaux, une coutume qui a
commencé après l'arrivée des immigrants suisses au début du vingtième siècle. Il y a dix ans, Beatriz a ouvert une
première chocolaterie artisanale dans le village d'Odemira située à une bonne
centaine de kilomètres de celle de Faro, fermée durant l’été, qui a ouvert ses
portes voici trois ans.
Plus avant, nous achetons quatre
cartes postales au numéro 26 de la rua da Misericórdia. Nous atteignons le
monumental Arco da Vila qui constitue
l’entrée principale de l'enceinte fortifiée. L’arche fut conçue par l’architecte
génois Francisco Xavier Fabri. Elle fut édifiée sous la houlette de l’évêque de
l'Algarve Dom Francisco Gomes do Avelar et fut achevée en 1812. Nous voyons une niche en dessus de l’arche qui abrite une statue en marbre blanc de Saint
Thomas d’Aquin. L’arche, flanquée de deux pilastres, est une œuvre significative
du néoclassicisme italien dans le patrimoine de l’Algarve. Au niveau du clocher,
nous remarquons la présence insolite de deux nids occupés par des cigognes.
L'oiseau échassier doit être probablement le citoyen emblématique féroïen. Nous
franchissons le portail monumental qui a conservé un portique mauresque et nous
grimpons la rua do Municipio, une charmante ruelle pavée étroite, aux
constructions attenantes blanc et ocre beige, qui nous amène devant… la
cathédrale. Nous retournons ensuite tranquillement au parking pour revenir à
Vila Nova de Cacela. Nous croisons deux couples francophones qui s'étonnent du manque de plan dans la vieille ville. Plus tard, dans un rond-point, nous voyons passer devant nous une Volvo immatriculée dans le Puy-de-Dôme. Nous lui suivons avant de la perdre de vue. Nous arrivons chez nous pour la pause-détente…
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