Ce matin le vent souffle fortement sur la mer. Les vagues
s’écrasent contre la plage avec vigueur. Le temps est maussade. Le soleil est
voilé par des bandes de nuées grises.
Pendant l’après-midi, quatre personnes font une sorte de
fête au-dessus d’un immeuble. Ils font beaucoup de bruits. Comme la ville est
dans une sorte de torpeur, les sons portent loin.
A 8 heures du soir, les applaudissements et les bruits honorent
les infirmier(e)s qui luttent contre le « virus ». Les chiens aboient
cette irruption de sons incongrus.
« La maladie se transmet par les postillons
(éternuements, toux). On considère donc qu’un contact étroit avec une personne
malade est nécessaire pour transmettre la maladie : même lieu de vie, contact
direct à moins d’un mètre lors d’une toux, d’un éternuement ou une discussion
en l’absence de mesures de protection. »
Cette crise montre que rien n’est acquis définitivement. Ce
que nous tenions comme certain, comme allant de soi, toutes les idéologies,
toutes les croyances, toutes les paroles s’effondrent devant un minuscule organisme
qui ne se voit même pas à l’œil nu. Toutes ses vies sacrifiées, toutes ses
existences gâchées pour faire entrer les nations dans des critères économiques
ou des ensembles politiques, tout cela fut vain puisque tous ces plans des
experts, tous ses beaux discours aux seins des organismes internationaux, tous
palabres aux parlements, tous ses armes pour se protéger ne font pas le poids
contre ce virus.
Le pire dans tout cela c’est que je suis sûr qu’après la
crise ; les mauvaises habitudes, les politiciens avec leurs belles
parlotes vont refleurir sans tenir compte de la catastrophe que l’humanité
vient d’éviter. Le pire est que tout cela n’aura servi à rien ; les
sacrifices des peuples dans les guerres ; les sacrifices économiques pour
maintenir à flot les banques ; les sacrifices du travail des gens pour
payer de plus en plus d’impôts afin de payer la dette des états ; et j’en
oublie certainement ; tout cela n’aura servi à rien quand la pandémie aura
emporté toute l’humanité. Si ce jour-là arrivait, la mort des millions de
soldats pour un bon de terre, l’esclavage des milliers d’enfants pour fournir
des biens de consommation aux pays les plus riches, le sacrifice des millions
d’animaux dans des conditions inhumaines pour satisfaire les envies carnivores
d’une poignée de riches, tout cela aura été vain. Un immense gâchis.
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