Nous partons de Vila Nova de Cacela vers midi trente. La
Cuore est garée dans le parking du supermarché Continente à Vila Real de San
Antonio. Nous déjeunons chez Green Buddha. Je regarde discrètement de
temps à autre la dame assise à la table voisine de la terrasse musicale, chaude
malgré les parasols. Deux cernes soulignent ses yeux au regard qui semble perdu
dans ses pensées. Le visage agréable, légèrement allongé, est serein. Habillée
d’une légère robe blanc beige sans manches, la chevelure blond foncé qui
cascade légèrement sur ses épaules, elle dégage un parfum de mystère dans un
maintien élégant. Proche, je la sens loin d’ici dans son regard impossible à
croiser. Sûre d’elle, le buste bien droit, elle quitte le restaurant avec
prestance avant que n’arrivent nos mets commandés à une jeune serveuse masquée
qui porte un ample pantalon aux pattes d’éléphant. La cliente s’éloigne libre
de tout masque dans une démarche souple et légèrement chaloupée. Le repas se déroule agréablement et les papilles apprécient de découvrir de nouvelles saveurs. En apportant la monnaie du
règlement, je jeune serveur dit en français à Patrick : « Merci, voici mon ami ». Nous
quittons le restaurant après quatorze heures trente. Nous effectuons des emplettes chez
Continente. Le magasin est climatisé juste comme il faut. Je trouve des figues
fraîches. Une jeune fille, souriante sous son masque, nous accueille à la
caisse. Je lui souris par deux fois au moment du règlement. Nous
nous rendons ensuite à Castro Marim où nous découvrons le fort
qui domine le paysage environnant. Le prix pour accéder au site est de un euro dix par
personne. Par la magie de l’Histoire, nous sommes au Moyen Âge, proche du
fleuve Guadiana. Nous avançons sans préambule sur les pas des Phéniciens, des Carthaginois, des
Romains, des Vandales, et des Maures vaincus notamment par Paio Peres Correia, un
célèbre militaire portugais qui joua un rôle important dans la Reconquista au treizième siècle. De part
son emplacement stratégique, la forteresse de Castro Marim s’est vue flanquée d’une
barbacane. Le mur défensif le plus ancien identifié dans l’enceinte actuelle du
château remonte au huitième siècle avant Jésus-Christ. Avec la guerre qui
restaura l'indépendance portugaise, la ligne de défense de Castro Marim fut
remodelée avec l’édification de nouveaux bastions, visibles depuis la
forteresse, dont le Fort de São Sebastião
de Castro Marim. Castro Marim se souvient encore du terrible tremblement de
terre survenu le premier de novembre de 1755 qui entraîna la destruction quasi
totale de la ville de Lisbonne en atteignant une grande partie de la côte de l'Algarve.
Le tremblement de terre fut suivi d'un raz-de-marée dévastateur qui marqua les esprits dans la durée. Nous arpentons
le site aux chemins empierrés inégaux. Depuis le chemin de ronde, pourvu de
quatre tours cylindriques massives, la partie du fort la plus élevée, nous
voyons loin alentour. L’Espagne est à portée de vue de l’autre côté du fleuve Guadiana.
Les haubans du Puente Internacional del Guadiana sur
l’autoroute 49, qui enjambe le fleuve, se dessinent nettement. Les marais
salants étendus se dévoilent au premier plan. Outre un monsieur seul et une famille
espagnole masquée avec deux enfants, nous avons été les seuls visiteurs du site durant
la petite heure que nous avons passé dans l’enceinte du fort. Diverses
structures vides réparties dans le fort semblent indiquer que des activités
touristiques se déroulent habituellement. Aujourd’hui, la petite ville et le
fort sont déserts ; les touristes ne sont pas venus. Voici une des
conséquences des mesures pernicieuses liées à l’épidémie de peurs qui sévit encore
autour d'un certain virus, bien loin dans l'esprit des gens. Nous achetons à la dame présente à l’office du tourisme, qui sort d'une certaine torpeur par manque d’activité, un
sachet de deux cents grammes de fleur de sel, produit dans les marais salants répartis
autour du site. Nous les avons photographiés à plusieurs reprises depuis le chemin de ronde. Nous
prenons ensuite le chemin du retour. Patrick prend le volant et stationne la
voiture au bord de la route dans le village de São Bartolomeu. Je me rends
à la Panificação [boulangerie] Veia & Calados qui fournit en pains
et autres produits locaux les boulangeries et les supermarchés de la région.
J’achète leur pain aux céréales, déjà savouré, et deux spécialités à la farine de
riz. La dame âgée qui me sert dans la boutique tente tant bien que mal de me
donner les informations demandées. Nous sommes de retour chez nous vers
dix-sept heures...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire