dimanche 4 octobre 2020

De Puerto de Sagunto à Vidreres…

  Au lever, des bribes de rêves flottent à la surface de la conscience… durant la nuit, nous avons fait fortune avec la création d’une boisson au cacao appréciée dans le monde entier…

  Le ciel bleu est bleu et le soleil. La collation matinale se déroule au restaurant de l’hôtel Exe. Une Ayatollah du Masque me fait les yeux noirs quand j’arrive dans la salle du petit-déjeuner. Elle me somme d’un geste plus que significatif de couvrir mon nez avec le masque. Tout en mangeant, Patrick me dit que si le virus était vraiment présent dans la salle, il ne ferait aucune différence dans sa contamination entre les personnes assises non masquées et celles debout masquées. L’incohérence, sourde à toute logique, est poussée à son paroxysme avec tous les dangers qu'elle contient. Comme les clients se lèvent à diverses reprises pour aller au buffet, le masque est trituré sans précaution. Patrick me parle du poème « L’Alphabet » de Maurice Carême. Les gobelets et couverts en plastique, utilisés dans le cadre des mesures sanitaires, contribuent à accentuer la pollution. Patrick parle d’une catastrophe écologique majeure au regard des mesures prises par la France et l’Espagne.

  Nous partons de Puerto de Sagunto à onze heures. Je prends le volant. La circulation sur l’autoroute est fluide par instants et chargée à d’autres. Il y a même des camions qui circulent le dimanche. Nous nous arrêtons avant Tarragone à treize heures pour déjeuner. Un couple de francophones nous aide dans la file du buffet de la cafétéria pour la commande du repas à l’auto-grill l'Hospitalet de l'Infant. Isabel nous accueille à la caisse. Nous optons pour un panaché de légumes variés poêlés et de pommes de terre effilées rissolées. Nous nous partageons du riz blanc que j’apprécie avec de la soupe de verdure. Les contenants sont en carton blanc et les couverts en bois. Seule exception aux mesures sanitaires, une cuillère à soupe en métal pour la soupe. La salle est non climatisée et c’est bien agréable. Nous savourons les mets cuisinés simplement. Une jeune femme, peut-être de retour en Languedoc-Roussillon au regard de la plaque d’immatriculation de son véhicule, effectue une pause en s’assoyant sur l’herbe devant les vitrages du restaurant. Elle porte un pantalon bouffant turquoise. Le soleil se signale de temps à autre au travers des nuées. Après le repas, je me rends aux toilettes. Je m’attarde dans le coin boutique du restaurant devant les plaques de chocolat traditionnel de un kilogramme remarquées par Patrick. J’entre dans les toilettes pour dames, celles pour les hommes étant interdites d’accès. Le second lavabo à droite de celui que j’utilise pour me rincer les dents est bâché d’un plastique noir pour éviter que deux personnes ne soient côte à côte ; directives du gouvernement espagnol obligent !...

  Nous sortons à treize heures quarante-cinq. Patrick prend le volant. La majorité des bornes d’urgence le long de l’autoroute est langée dans du plastique transparent. Les mots « fuera de servicio » [hors-service] se lisent sur chaque borne ; mieux vaut éviter de tomber en panne ! Au niveau de la ville de Vila-seca, l’autoroute devient payante. Nous prenons un ticket. Plus avant, au niveau de la ville de Vilafranca del Penedès, un superbe kiosque grec carré à colonnade se remarque sur une colline. Nous payons onze euros au peaje [péage] de Barrera Martorell un peu avant quinze heures. Plus avant, nous prenons un second ticket à La Roca del Vallès. Nous payons cinq euros au peaje de Lloret de Mar une quarantaine de minutes plus tard. Après le péage, un panneau annonce que la France est distante de cent soixante-dix kilomètres. Au niveau de Barcelone, à la jonction de l’A-7 avec une autre autoroute, une forteresse massive domine le littoral. Plus loin, des totems torsadés s’élèvent dans le ciel bleu.

  Un peu avant seize heures, nous arrivons à l’Hostal Casa Pou sur la carrer Pau Casals à Vidreres. La matriarche nous accueille avec le sourire. Comme moi, elle porte le masque sous le nez. Elle s’intéresse à nos cartes d’identité de Sealand. Je lui dis qu’il s’agit d’une principauté comme celle de Monaco, mais en beaucoup plus petite. La chambre 262 au second étage nous est attribuée. Le restaurant de l’hôtel est encore très animé. Les convives sont détendus. Le déjeuner dominical se termine tranquillement. La Mercedes est garée juste devant l’entrée de l’hôtel. Une fois les bagages dans la chambre, nous buvons un thé avant d’aller nous promener.

  À deux pas de l’hôtel, sur la plaça de Lluís Companys, une œuvre murale de l’artiste Tere Carbonell, intitulée « Ca l'Oliva », se dévoile. Je m’attarde devant les visages expressifs de la fresque qui retrace un épisode du festival de musique de Vidreres voici deux ans. Nous voyons un plan vers l’église où une zone verte se signale. Nous allons nous balader dans le parc Mas Flasià bordé notamment de la carrer [rue en catalan] Montnegre et de la carrer Montnegre. Je suis content de voir que nombre de promeneurs cheminent sans porter de masque malgré l’impératif du gouvernement. Nous flânons dans un sous-bois lumineux. Je fais de temps à autre des crochets vers des maisons de caractère qui me plaisent, dont une cubique, une construite autour d’une massive tour centrale et deux autres réparties sur trois niveaux. Celle au numéro 614 de la carrer Montnegre est habitée par Jesús-Balbín et Blanca. Le ciel est bleu et le contraste avec les nuances de vert des arbres est très plaisant. Un vieux monsieur qui avance avec un déambulateur se déplace sans masque. J’approuve cette désobéissance civile tout à fait justifiée. Nous rebroussons chemin au niveau d’un petit pont qui mène à un autre quartier résidentiel dont les premières maisons sont construites en briques. Des terres agricoles s’étendent à perte de vue. Que la campagne est belle au regard des grandes villes enlaidies par la folie des politiciens. Après ces instants de flânerie poétique, nous sortons du parc et nous retournons tranquillement à l’hôtel pour cette dernière soirée en Espagne…
























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