Regarder les photos de la fin au début pour être dans la chronologie de la journée…
Nous sortons de la chambre un peu avant midi. Le parapluie prêté à la réception se montre hors d’usage à l’ouverture. Je le rapporte et je rejoins Patrick devant la porte tournante où la chance se manifeste par la présence d’un vieux monsieur qui vend des parapluies. J’en achète un à dix euros, bleu et jaune avec une crosse. Il porte la marque « Oggi piove Ombrelli ». Une ligne au verso est barré au feutre noir ; je parviens à lire : « Il marchio Grimaldi ». Nous nous lançons sous la pluie. Au moment où nous arrivons aux arcades vers chez Balzer, la pluie se met à tomber en trombe. Nous voyons sur l'esplanade un grand étal de fruits et légumes, protégé par une grande bâche blanche, dont le marchand brave la pluie. L’eau s’écoule à flot aux angles de la bâche. Les vannes du ciel sont totalement ouvertes et nous assistons à un déluge avec les personnes qui attendent comme nous une accalmie. Quand un semblant d’accalmie survient, nous marchons sous la pluie en direction du restaurant végétalien que Patrick a trouvé sur le web. Nous longeons les murs. Nous arrivons à destination vers midi trente chez Veg Eat Cucina sur la via Contrada Tre Passi. Nous choisissons les mets dans un buffet qui sont ensuite chauffés et servis à table par Giovanna, la jeune femme qui nous a accueillis. Nous apprécions les quatre préparations sélectionnées disposées sur une grande assiette en carton. Nous prenons chacun un dessert différent. Patrick teste la saveur d’un Muffin carotte et amande. De mon côté, je fais de même avec une Crostata con crema limone Vongola. Une bonne heure glisse sur la pluie qui tombe maintenant par alternance avec une plus faible intensité. Les convives vont et viennent ; le restaurant doit être bien connu. Nous sortons du restaurant avant quatorze heures. La pluie continue de tomber et nous décidons d’aller boire un chocolat chaud chez Starbucks sur la via Zambonate. Nous rasons les murs et nous empruntons les arcades. Nous découvrons la belle cour intérieure d’un palais. Serena nous accueille au Starbucks. Elle a tôt fait de comprendre que nous parlons le français. Elle s’exprime alors dans la langue de Molière apprise durant sa période scolaire. Nous commandons deux « Signature hot chocolate ». Je lui dis qu’elle porte le prénom d’une sorcière, la sœur de Samantha Stevens, la sœur de Ma sorcière bien-aimée. La célèbre série télévisée « Bewitched » lui étant inconnue, elle va regarder sur Internet. Comme elle aime lire, je lui propose de lui envoyer un de mes romans. Elle accepte avec plaisir. Serena est née à Bergamo. Nous prenons place dans un confortable salon au premier étage. La quasi-totalité des convives sont des jeunes gens. Deux jeunes filles se retrouvent à une table. L’une d’elles offre un cadeau à l’autre qui la remercie avec une étreinte. Nous sirotons les boissons dans le bien-être. Une musique de fond se laisse entendre sans couvrir le léger brouhaha des conversations. Les minutes s’écoulent en regardant les convives dont les occupations varient. Écriture, lecture, ouvrage sur tablette ou smartphone, bavardages composent quelques portées de la partition des activités. Deux jeunes filles en vis-à-vis écrivent des racines carrées ! A quinze heures, toutes les tables sont occupées. Patrick voit sur Internet, grâce à la connexion offerte par le café, que la rentrée scolaire va s’échelonner du 5 au 20 septembre selon les régions. Les tables restent occupées longtemps comme la nôtre. Nous sommes assis depuis plus d’une heure et seules deux ou trois tables ont changé d’occupants. J’écris dans les notes de l’iPhone. Une des jeunes filles aux racines carrées, qui a commencé une nouvelle page de « calcul », se détend sur son smartphone en faisant défiler des photos sur l’écran. Les consommations des convives sont terminés sans être renouvelées. Dans nombre de cafés traditionnels, les serveurs demandent de consommer à nouveau pour rester assis à table. Dans tous les Starbucks où nous sommes entrés de par le monde durant nos voyages, les convives sont libres de rester le temps qu’ils veulent. La liberté est totale. Je me souviens de notre passage dans le premier Starbucks de la chaîne ouvert à Seattle dans l’état de Washington le lundi 18 juillet 2016 http://2016roadtripusa.blogspot.com/2016/07/lever-de-rideau-sur-la-naissance-de.html. Vers seize heures, nous effectuons la pause de l’après-midi au Starbucks sans avoir avoir bougé. La pluie à l’intensité variable continue de tomber par intermittence. Je me sens bien dans ce farniente, ponctué de temps d’écriture, entouré de mes semblables. Je m’adresse aux deux jeunes filles qui étudient les mathématiques en prévision de leur entrée au lycée. Je leur demande si elles aiment ce qu’elles font. Elles répondent spontanément en chœur : NON !
Vers seize heures, je descends au comptoir où Sofia m’accueille avec un radieux sourire. Je commande deux chocolats chauds et une part de gâteau à la carotte. Je la complimente sur son sourire naturel. Elle me dit que sourire donne de la joie au cœur. Attentionnée, elle me procure deux codes wifi pour chacun de nos iPhones. Nous sirotons les chocolats tranquillement. Je savoure une partie de la grosse tranche de gâteau. Une jeune fille demande à prendre place sur la banquette à côté de Patrick. Elle déguste un muffin et m’en propose un morceau. Elle me demande si le gâteau à la carotte est bon. La spontanéité est source de rencontres et d’échanges. Je prends plaisir à promener mon regard sur les convives dont les bras et les mains bougent au rythme de leurs activités. Les conversations vont bon train. Les parapluies dans leur housse plastique attendent de se retrouver dehors pour être ouverts. Patrick installe l’application Dream sur mon iPhone et je crée une image de Serena après avoir fait défiler des photos de la sorcière sur l’écran via Internet. Les minutes pensent à s’écouler et les dix sept heures approchent. Nous décidons de retourner à l’hôtel. Nous libérons la place. Avant de prendre l’ascenseur, je dis à chacune des deux jeunes filles qui étudient toujours les mathématiques avec des temps de détente : « Ti auguro una bella vita ». Agréablement surprises, elles me remercient avec un radieux sourire et me font un signe de la main quand je m’éloigne. Au rez-de-chaussée, je demande le numéro de téléphone du Starbucks nécessaire pour l’envoi du cadeau à Serena par Amazon où nos livres sont vendus. Nous partons ensuite à la recherche d’une boîte aux lettres pour poster des cartes postales. La pluie cesse et nous fermons les parapluies. Nous en trouvons une vers la piazza Pontida. Nous faisons une boucle pour revenir chez nous. Nous repassons devant le Starbucks, de l’autre côté, où nombre de sacs poubelle sont réunis pour les éboueurs ; le caffé a du succès. Avant d’entrer dans le Cappello d’Oro, nous allons découvrir l’intérieur de la Chiesa Prepositurale di Santa Maria Immacolata delle Grazie, juste en face de l’hôtel. Avant de sortir, je vois un confessionnal ouvert. Le confessore Don Giambattista Ferrari, né à Castione della Presolana en 1944, attend en lisant le prochain penitente, le pénitent qui est contrit d'avoir péché et qui a le regret intérieur et effectif de ses fautes. Je repense à mon adolescence et à l’obligation contraignante de me confesser régulièrement. Souvent, devant le curé de Cranves-Sales, au travers de la grille en bois, j’inventais des péchés, car le curé insistait quand je ne savais pas quoi confesser. Je récitais les pénitences, agenouillé à un banc, souvent deux Notre Père et trois Je vous salue Marie, ou inversement. Heureusement, aujourd’hui, je suis sortis définitivement de la religion catholique dont j’ai souffert et je suis heureux d’être libre de toute religion…
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