Regarder les photos de la fin au début pour être dans la chronologie de la journée…
Le ciel est bleu et le soleil brille, des nuages passent. Nous prenons le petit-déjeuner dans la salle du restaurant. Silvina nous souhaite une bonne journée quand nous sortons. Les étapes d'un road-trip à venir occupent la fin de la matinée. Nous sortons de l’hôtel à onze heures trente et nous marchons vers le funiculaire. Quand nous arrivons à destination, Patrick voit à distance une longue file d’attente devant la caisse. La chance se manifeste sous la forme d’un « tuc-tuc » stationné le long de la route, du côté opposé. Je m’approche. Le chauffeur parle au téléphone. Il arrête sa conversation et me sourit. Je lui demande s’il peut nous emmener à la ville haute. Il accepte volontiers. Je lui donne les dix euros du trajet. Dégourdi et entreprenant, il a tôt fait de trouver deux personnes dans la file d’attente outre les deux jeunes filles qui sont montées à bord du « tuktuk Bergamo - Golden Ride electric » en étant attentives à ma démarche. Le tuktuk complet démarre. Cheveux au vent, nous apprécions le trajet étoffé d’informations offertes par Lorenzo qui conduit au même rythme que les chauffeurs de tuktuk de Bangkok. Nous franchissons la « Porta Sant’Agostino » au-dessus de laquelle se trouve le bas-relief du lion de Saint-Marc réalisé en 1958 par le sculpteur Piero Brolis. Les deux portes latérales furent ouvertes en 1829. Je prends quelques photos en m’accrochant dans les virages pris sur les chapeaux de roues. Le voyage en tuktuk dure à peine cinq minutes. Lorenzo nous dépose au bout de la viale delle Mura, près de la Porta Sant'Alessandro achevée en 1565. Nous marchons à la recherche d’un restaurant. Nous traversons la citadelle médiévale Visconti édifiée au quatorzième siècle par les Visconti de Milan et agrandie plus tard par les Colleoni de Bergame. Un marché de souvenirs bat son plein sous les arcades de la cour intérieure. Nous traversons la place de la citadelle et nous suivons la via Bartolomeo Colleoni.
Au bout de la viale, à l’angle de la via dei Rivola, à l’entrée de la piazza Vecchia, nous jetons notre dévolu sur le ristorante Il Sole, annoncé comme un lieu spécial avec une histoire unique au centre de la ville haute. Nous prenons place à la terrasse intérieure. Un employé me donne un coussin pour la chaise en métal. Nous optons de concert pour de la polenta Taragna, l'un des plats typiques de la tradition culinaire locale, composé de semoule de maïs et de sarrasin mélangées à du fromage et avec des ingrédients secrets propre à chaque famille. Patrick ajoute des cèpes et moi des verdure di stagione. Eau pétillante et camomille accompagnent les mets qui dévoilent d’agréables saveurs. Un couple avec une fillette déjeunent à la table voisine. Les tables sont presque toutes occupées et certaines « tournent » plusieurs fois durant notre repas que nous prenons le temps de savourer. En sortant des toilettes, je m’attarde devant un ancien mécanisme d’un orologio da torre, d’une horloge de tour, signé F. Paganini. Je vois un tableau qui représente la Porta Sant’Agostino au milieu du siècle dernier ; le contraste est saisissant ! Avant de sortir du restaurant, nous regardons les tableaux accrochés au mur dont un portrait de Herman Hesse et de Freud qui ont séjourné à une autre époque dans la trame temporelle de l’instant présent. Un autre tableau en noir et blanc montre l’auberge-restaurant Il Sole, coté via Bartolomeo Colleoni, il y a environ un siècle en arrière.
Nos pas nous mènent ensuite au Funicolare S. Vigilio mis en service au début du siècle passé et transformé en 1987. A quatorze heures quinze, la « calèche », qui a grimpé les rails sur un dénivelé de plus de six cents mètres sur de solides filins d'acier, nous dépose au terminus. La vue embrasse la ville haute et la ville basse et au lointain. Patrick me situe notre hôtel que j’indiquerai sur une photo. Le panorama est superbe. Nous allons découvrir les extérieurs du Castello di San Vigilio entouré d’un petit parc où une originale fontaine à cascades se dévoile. Nous nous promenons. Nous revenons ensuite au niveau du funiculaire et nous explorons le bourg où de superbes demeures se montrent fièrement. J’en prends quelques-unes en photo dont la villa Maria. Un Pinocchio en bois au rouge dominant me fait signe derrière un des vitrages du ristorante pizzeria San Vigilio. Patrick regardent les Alpes. Des collines verdoyantes servent d’écrin aux différentes demeures que nous apercevons. Une heure s’est écoulée depuis notre arrivée. Nous revenons sur nos pas et nous reprenons le funiculaire pour redescendre. Les quinze heures trente approchent. Nous marchons vers la piazza Vecchia. En chemin, nous nous attardons devant la pizzeria Minuscoli sur la via Bartolomeo Colleoni. En 1948, Franco Minuscoli et ses enfants Luigi, Michele et Maria ouvrent une boulangerie-pâtisserie historique sur la piazza Paradiso dans le proche village de Clusone. Luigi et sa famille perpétuent la tradition en reprenant en 1986 l'entreprise artisanale. Dans la pizzeria récemment ouverte dans ville haute de Bergame de multiples pizzas gourmandes, à la pâte épaisse vendues au poids, s’offrent à nos regards et nous rappellent celles d’une emblématique pizzeria al taglio de Venise. La salle est comble. A seize heures, nous sommes installés à la terrasse de la pasticceria gelateria Dei Mille. Patrick choisit una coppa Tiramisù et moi una coppa Amerena. Nous sirotons chacun un jus Rinfrescante ananas, pomme, céleri additionné d’eau minérale. Un spectacle est en cours de préparation sur la place. Le jeune garçon blond en tee-shirt bleu assis sur une chaise voisine suit des yeux les opérations. Nous assistons à un spectacle donné par une troupe de la culture taïwanaise. Les costumes sont colorés et les artistes souples et gracieux dans leurs mouvements. Je pense aux défilés que nous avons admiré au parc Lumpini à Bangkok en 2016. Le ciel s’assombrit et il fait presque nuit. Les seize heures trente passent. Nous décidons de quitter le spectacle en cours et de retourner au funiculaire pour tenter d’éviter l’orage qui arrive. Les ruelles sont sombres comme au début de la nuit. D’autres personnes semblent avoir eu la même idée, car le hall d’attente du funiculaire est comble. Le début de la file d’attente étant aléatoire, Patrick prend place où il peut et, par chance, nous montons à bord de la « calèche » qui arrive où seules 55 personnes peuvent monter à bord. Un orage éclate durant la descente. Assis, mon regard croise celui d’un jeune garçon « à ma hauteur » qui parle de l’orage en italien à sa mère en levant la tête. Des trombes d’eau nous accueillent à la sortie du funiculaire. Nous faisons appel à la chance qui se matérialise sous la forme d’un bus dans lequel nous nous engouffrons après avoir traversé l’esplanade sous un déluge de pluie. En quelques secondes, nous sommes déjà bien trempés. Nous rions en entrant dans le bus bondé. Je me rappelle Washington le lundi 1er décembre 2014, où nous nous étions fait inonder de pluie en quelques secondes juste avant d’entrer dans le hall du State Plaza Hotel où nous avions séjourné. Le bus s’arrête à divers endroits ; je vois une dame qui joue brusquement des coudes pour sortir sans se préoccuper à qui elle les donne. Comme par magie, le bus nous dépose à quelques pas de notre hôtel. Des gens sortent comme nous dans une certaine précipitation. Nous longeons les quelques vitrines qui nous séparent des portes tournantes salvatrices. Nous montons dans la chambre par l’ascenseur et nous regardons depuis la fenêtre la pluie qui semble tomber de plus belle. Je remercie la chance, notre fidèle compagne dans nos voyages. Une vingtaine de minutes plus tard l’orage se termine aussi vite qu’il a commencé. Les passants reprennent possession des trottoirs…
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