Regarder les photos de la fin au début pour être dans la chronologie de la journée…
Nous allons déjeuner au ristorante Osteria
Buca delle Campane sur la via Benedetto XIV près de chez nous. Nous sommes
les premiers clients, nous prenons place à une table. Je prends la galette
pliante sur le siège du livre des réservations et je m’assois dessus. Le
serveur arrive en souriant, lève le pouce quand je lui dis avoir pris le
coussin ; il nous reconnaît et se souvient de la précédente commande.
Patrick choisit des gnocchis al pomodoro
velluta sur un lit de crème de petits pois et de l’eau gazeuse. J’opte pour
des lasagnetta alle verdure que
j’agrémente de parmesan. Je continue avec des verdure alla griglia saupoudrées d’un peu de parmesan. Une famille
de cinq Allemands qui arrive monte à dix-sept le nombre de convives du
restaurant. Des jumeaux de douze-treize ans et une grande sœur composent la fratrie. Deux jeunes Françaises
déjeunent à une table voisine. Quand nous partons vers treize heures quinze, quatre
autres convives arrivent, ce qui porte à vingt-et-un le nombre de repas à notre
départ. Nous retournons chez nous pour se laver les dents. Nous partons ensuite
à la découverte d’un ancien canal qui est encore à ciel ouvert. Le long de la
via Zamboni, devant l’entrée de la Basilica di San Giacomo Maggiore, deux
phrases se laissent lire. L’une en anglais qui dit : « Take care of me » [Prends soin de moi] et l’autre en
français : « Je suis temporaire ». Ma temporalité dépend des
années que je vis sur Terre, une oscillation de ma naissance un jour donné à
mort un jour inconnu, mais bien réel dans le flot du temps. L'impermanence montre
l'illusion de la vie sans fin sur Terre ; la seule certitude est notre
condition de voyage provisoire et temporaire sur notre belle planète que nous
découvrons durant nos voyages. Le changement est la seule certitude. L'incertitude
est le compagnon de vie de tout un chacun. Nous atteignons le Théâtre Municipal
de Bologne où de grandes affiches de spectacles se dévoilent le long du Largo
Respighi que nous suivons jusqu’à la via delle Moline. Nous arrivons à la
Trattoria « La Finestrella » sur la via Augusto Righi où la terrasse
s’épanouit sous les arcades. Je regarde la carte qui propose des mets
végétariens ; une adresse à retenir. Nous entrons dans la via Piella et
nous découvrons le canal entre des maisons accolées aux couleurs chaudes. Nous revenons
sur nos pas pour entrer dans la via Guglielmo Oberdan où une autre vue du
canal, nommée la « Curva degli annegati », s’offre à nos regards.
Nous décidons d’aller voir plus avant en direction de la via dell’Indipendenza.
Nous repassons devant une ancienne fresque fatiguée qui représente la vue que
nous allons découvrir sur la via Malcontenti, juste avant la via
dell’Indipendenza. Après ces instants surprenants de beauté cachée, nous
suivons la via dell’Indipendenza pour aller découvrir la Biblioteca Salaborsa
sur la piazza del Nettuno. Contre toute attente, durant l’été, elle n’est
ouverte que jusqu’à quatorze heures. Patrick propose d’aller découvrir la via
dell'Inferno dans l’ancien Ghetto Ebraico.
Un plan contre un mur donne l’impression que l’ancien quartier juif ressemble à
une paume de main. Nos pas nous mènent sur la piazza San Martino. Nous nous
attardons en chemin devant des textes écrits sur des murs et sur des piliers. Patrick
voit un criquet contre un pilier crème. Nos pas nous mènent de nouveau vers le
canal. Cette fois, nous découvrons « La Finestrella » de la via
Piella, à côté de la trattoria Biassnot avant l'intersection avec la Via
Marsala. À droite, une petite fenêtre s'ouvre sur une Bologne inattendue, celle
des eaux souterraines qui, jusqu'à il y a deux siècles, étaient la cité des
canaux ouverts sur le ciel. Nous intégrons la file de personnes qui attendent
de jeter un coup d'œil au travers de la Finestrella pour avoir un aperçu
pittoresque de ce qui fut la Bologne médiévale. Notre tour venu, depuis la
lucarne, nous effectuons un brève voyage dans le douzième siècle en découvrant
l'ancien canal delle Moline bordé d’édifices colorés ; une fenêtre secrète
surprenante et pleine de charme. L’espace d’un instant, je m’imagine être à
Venise. Le canal est la poursuite du canal de Reno qui, à l'entrée de la ville,
se divise en deux branches : le canal Cavaticcio et le canal Moline. Dans la Bologne médiévale,
les canaux étaient très importants pour les communications et certains étaient navigables.
Le canal delle Moline servait à produire l'énergie nécessaire à l'alimentation d’une
quinzaine de moulins à eau et de nombreuses usines dont celles qui produisaient de magnifiques soieries.
Au début du vingtième siècle, les canaux ont été progressivement enterrés. Toutefois, un dédale de tunnels et de passages
souterrains, telle une immense toile d'araignée, se cache toujours sous des
kilomètres d'arcades. Après ces instants de courtes rêveries, nous passons sous
la proche Porta Govese, appelée également Torresotto dei Piella, qui fait
partie du cercle de murs intérieurs de la ville, commencé à la fin du douzième
siècle. Dans le dédale des ruelles, nous arrivons soudain sur la via
dell'Indipendenza. Nous la suivons jusqu’à la place de Neptune. En chemin, nous
entrons chez H&M où nous effectuons des emplettes avant seize heures. Nous
allons ensuite nous détendre à la terrasse de la Galleria del Leone du bar et
pâtisserie Impero sur la via Caprarie. La Galleria del Leone est installée dans
le Palazzo del Commercio, construit près de la Loggia dei Mercanti sur un
projet de Carlo Chierichetti. Nous admirons la grande verrière en fer forgé qui
coiffe la galerie. Elle s’apparente à celles caractéristiques des quartiers des
grands boulevards parisiens. Elisa, souriante et avenante, s’occupe de nous. Patrick
sirote un smoothie Golosa. Je sirote un thé rooibos Copacabana en savourant
lentement un Sacher, une part du célèbre gâteau d'origine viennoise. À la
caisse, nous payons l’addition à Elena. Les dix-sept heures approchent. Nous
retournons tranquillement dans notre chez-nous à Bologne, situé à quelques pas
de l’étonnante galerie…
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