Mercredi 15 juin
2050
Matou venait de terminer un livre d’histoire
au contenu ahurissant, à propos d’une épidémie survenue voici une trentaine d’années.
Cette épizootie humaine avait éclaté pour masquer d’importantes perturbations
économiques et sociales présentes dans nombre de pays du monde. Elle vint rompre
le mécontentement général et les manifestations qui l’attestaient. Dans la
phase critique de cette épidémie, le port du masque restait facultatif, alors
que, bizarrement, en pleine phase finale de « déconfinement », le
terme inventé pour le retour à la « normale », le port du masque était
devenu obligatoire. En Espagne, notamment lors de la phase trois, la
population, abandonnant tout esprit critique, se comportait comme des moutons
de Panurge. La folie ambiante atteignait une efficacité loufoque et incurable. Matou
se souvient d’un paragraphe qui expliquait que le port du masque, qui se
prolongea arbitrairement sur de nombreux mois, avait entraîné un nombre de
morts par arrêt cardiaque avoisinant celui dû au coronavirus. En effet, le port
du masque fatiguait le cœur en lui demandant plus d’effort pour compenser le
manque d’oxygène dont l’apport était trop régulièrement entravé par la pièce
d'étoffe qui recouvrait à la fois la bouche et le nez.
Considéré comme une arme létale, à la propagation
clandestine et au maniement opportuniste, le coronavirus, bénin selon les historiens,
fut disculpé et réhabilité par les générations suivantes qui virent dans cette
fausse crise sanitaire un prétexte pour manipuler méthodiquement les masses par
la propagation de peurs irraisonnées qui envahirent le mental de leurs ancêtres,
les privant de tout esprit critique et de tout discernement. Le coût de la fausse
« épidémie » fut catastrophique pour l’économie mondiale et les populations qui
mirent bien des années à s’en remettre.
Matou est enchanté que la protection
actuelle de toutes les libertés empêche aujourd’hui, en 2050, cette sorte de
dérive dont les conséquences humaines furent terribles avec le recul. L'intolérance des
autorités et la répression systématique pour le port obligatoire du masque l’hallucine
encore.
Il se souvient d’un autre paragraphe tiré d’un
blog de l’époque, un blog étant une sorte de site web créé pour la publication
périodique ou régulière d'articles personnels rendant compte d'une actualité
autour d'une thématique souvent particulière. À Roquetas de Mar, le lundi 15 juin
2020, il y a trente ans jour pour jour, un des garçons d’un couple gay s’était
vu refuser l’entrée du magasin Primark, un magasin général de cette époque,
disparu aujourd’hui, parce qu’il ne portait pas de masque en raison de problème
de respiration dû à sa cloison nasale gauche. Le garde ne voulut rien entendre et
refusa l’entrée au garçon alors que celui-ci portait pourtant une visière de
protection. Devant cette discrimination flagrante, son mari entra seul chez Primark
pour acheter un pantalon. Un parcours du combattant commença pour le client. Malgré
les mesures dissuasives, telles que les allées balisées, l’interdiction de se
trouver à moins de deux mètres d’un autre client, la limitation de la possibilité
de toucher les vêtements neufs pour ne pas les contaminer, la défense de
pouvoir essayer en cabine le pantalon choisi, le client persista dans son achat
du pantalon. À la caisse, il refusa toutefois de payer avec une carte de crédit
le montant de seize euros (la monnaie de l’époque) et effectua le règlement en
espèces ; les billets de banque et les pièces de monnaie étant supposés
pouvoir transmettre le virus (ce qui s’avéra par la suite être une fausse information).
Le client fut ahuri de voir les mesures de décontamination totalement excessives :
notamment, le comptoir était désinfecté avant et après chaque client, qui
devait rester dans un petit cercle bleu dessiné au sol en attendant son tour, tout
comme la machine pour les cartes de crédit qui était aussi purifiée. Les
phobies de cette époque l’emportaient sur le bon sens.
Après sa lecture qui lui parut invraisemblable,
Matou quitta la bibliothèque et alla profiter de sa journée estivale, heureux d’être
né après ces événements liberticides où les citoyens furent les otages et les
prisonniers des politiciens et des gouvernements…
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