Le ciel s’illumine d’un soleil radieux de bon matin. La mer
tremblote calmement en léchant la plage. Le silence caractérise la ville
abandonnée par les humains, retranchés dans leur habitation. Seulement, le
ressac de l’eau offre sa mélodie.
Il est venu le temps des applaudissements et des bruits qui
s’atténuent en ce jour du samedi saint.
Le nouvel «état d’urgence sanitaire» enrichit encore le
répertoire des états d’exception qui suspend la démocratie et supprime les
libertés de citoyens pendant une période qui se prolonge selon l’humeur de
l’exécutif. L’article 16 de la Constitution de 1958 donne tout pouvoir au
chef de l’Etat face à une menace «grave et immédiate» menaçant «le
fonctionnement régulier des pouvoirs publics». «La réflexion moderne part d’une
vision pessimiste de l’homme, toujours porté à abuser du pouvoir qu’on lui
donne, dit François Saint-Bonnet. Machiavel n’a-t-il pas enseigné que la politique
n’est que l’art de conquérir et conserver le pouvoir ? On sent Montesquieu
embarrassé par la question.»
Je m’interroge sur cet «état d’urgence sanitaire». Est-ce
que une épidémie peut-elle représentée une menace grave et immédiate qui menace
le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ? Là, je comprends mieux
la rhétorique du Président qui se voit en Chef de guerre contre l’ennemi
« le Virus ». Cependant, les populations n’ont pas besoin de généraux
ou de divisions armées pour lutter contre le Covid19. Ce n’est pas le rôle des
militaires de combattre une épidémie. Seul les chercheurs, les médecins et les
scientifiques sont outillés pour trouver une solution à une infection due à un
virus. Le thème de la guerre repris par d’autres chefs d’états est tout à fait
inadéquat pour parler d’une épidémie. C’est le savoir et la connaissance qui
peut vaincre un virus et non les armes.
Je reviens à l’article 16, est-ce que le virus menace «le
fonctionnement régulier des pouvoirs publics» ? Non. Cet organisme ne possède
pas l’intelligence nécessaire pour cibler les infrastructures du pouvoir. Je
peux dire qu’il frappe à l’aveugle sans tenir compte ni du statut social, ni de
la fortune de celui qui est atteint par l’infection. Est-ce que l’épidémie est
une «grave et immédiate» ? Non. La preuve est que les institutions
politiques, civiles et militaires sont intactes. A part une réorganisation par
l’Etat de ses ressources en « force de l’ordre » contre ses propres
citoyens, il n’y a eu aucun changement dans la structure étatique.
Maintenant, est-ce que le gouvernement abuse du pouvoir que
le peuple lui a donné ? Oui. D’abord, en invoquant à tort l’article 16 de
la Constitution qui n’est pas du tout adapté à ce genre de situation. Il a été
mis en place pour des raisons très spécifiques ; De Gaulle expose-t-il le 8 août 1958 devant
le comité consultatif constitutionnel
«Dans l’époque où nous allons vivre, où les bombes atomiques sont
suspendues au-dessus de nos têtes […] nous pouvons nous trouver d’un moment à
l’autre dans une crise indescriptible». Dans cet esprit, l’article 16 est pour
lutter contre un ennemi humain et non un virus.
Quelle est cette sorte de démocratie qui invoque un «état
d’urgence sanitaire», puis enferme ses propres citoyens (pour leur propre bien,
sans les consulter d’ailleurs) dans un confinement, puis légifère contre ces
propres citoyens. Quelle est cette sorte de démocratie qui se retranche
derrière des experts scientifiques qui n’ont aucune légitimité démocratique,
d’ailleurs experts qui ne sont pas d’accord entre eux ? Quelle est cette
sorte de démocratie qui quand le résultat d’un référendum ne plait pas aux
politiciens, ceux-ci font voter le texte derrière le dos des citoyens en congrès ?
Quelle est cette sorte de démocratie qui ne fait pas confiance à ses propres
citoyens mais en retour elle demande d’avoir une confiance aveugle envers les
politiciens ?
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