Des nuées s’effilochent à l’horizon au-dessus d’une mer
agitée. Le Soleil se voile et les hirondelles dansent dans le ciel. Quelques
baigneurs s’aventurent sur la plage et dans les vagues vigoureuses. Aujourd’hui, la province d’Almeria est entrée dans la phase 2 de la « descalada »
(le déconfinement à l’espagnol). Pour résumer, la phase 2 est pareille que la
phase 1 pour les gens. Quelle amélioration !
Souvent, j’entends dire que l’Etat d’Urgence Sanitaire a été
mis en place pour l’intérêt général. Mais qu’est-ce que l’intérêt général
sinon l’intérêt conforme à l’idéologie du moment et du gouvernement en place. L’intérêt
général permet une atteinte aux libertés et aux droits des personnes et ceci soi-disant
pour le bien de tous. Qu’est-ce que le bien de tous ? Si l’intérêt général
atteint ma liberté ou un de mes droits, pouvons-nous appeler cela « bien
de tous » puisque je suis exclu de ce bien général. Si l’Etat me
prive d’une partie de mes propriétés pour l’intérêt général, je me sens lésé,
alors est-ce vraiment pour le bien de tous puisque ma personne est lésée contre
mon gré pour l’intérêt des autres. De plus, qui me dit que tous les autres sont
d’accord avec cette privation d’une partie de mes propriétés. Alors certains me
rétorqueraient, c’est pour le bien de la majorité. Certes, mais la majorité ne
correspond pas à l’intérêt de tous, puisque la majorité représente qu’une partie
de ce « tous ».
Ces derniers temps, sous l’impulsion de l’épidémie du
covid-19, les gouvernements sont pris d’une orgie de lois, d’ordonnances, etc.
sous couvert de l’Etat d’Urgence Sanitaire. Mais est-ce que ces lois sont
justes ? Lorsque les gouvernements légifèrent en dehors des parlements
pour être plus efficaces, n’est-ce pas une dérive arbitraire ? Comment les
gouvernements peuvent-ils être sûrs de leurs textes de loi sans passer devant les
chambres législatives, devant les juristes et devant les institutions de
contrôle démocratique ? Surtout, lorsque tous ces textes législatifs sont
effectués dans la précipitation, dans l’urgence du moment. Depuis le début de
l’épidémie du covid-19, toutes les décisions des gouvernements ont été
arbitraires sous la contrainte de l’idéologie hygiéniste de sauver des vies.
Combien de morts pour sauver ces vies-là ? Pourquoi ces vies-là seraient
plus importantes que celles des autres ? Si la qualité de la vie devient
pire, est-il justifié de mettre les populations sous l’Etat d’Urgence
Sanitaire ?
Je reviens à ma question, quand savons-nous qu’une loi est
juste !
D’abord, une loi est juste lorsqu’elle n’exclut personne. En
effet, la société doit être inclusive, c’est-à-dire accepter toutes les
personnes quels que soient ses origines, la couleur de sa peau, son âge, son
genre, son orientation sexuelle, etc… en bref, toute la diversité humaine ;
sinon, elle n’est plus vraiment une société humaine. Elle devient une
association humaine exclusive, un club élitiste et elle ne peut plus être
considérée comme une communauté.
Ensuite, une loi est juste lorsqu’elle s’adresse à tous sans
aucune exception. Aucun texte législatif ne doit traiter d’un cas particulier,
d’une catégorie ou d’une tranche d’âge, etc. Chaque fois qu’un législateur a
créé des lois pour des minorités, c’est pour mieux les stigmatiser, pour les
enfermer dans des étiquettes, des cases et, finalement, cela se retourne contre
ces minorités. Le législateur doit considérer l’ensemble des personnes comme
unique ; si tous nous sommes uniques, comment pouvons-nous être placés dans
des cases ou des étiquettes. Je suis uniquement moi. Je ne suis pas un homme,
parce que je ne sais pas ce que cela veut dire être un homme pour l’autre, je
le sais uniquement pour moi. Comment un juge ou un législateur pourrait savoir
ce que représente un homme pour moi puisqu’il n’est pas moi ?
Enfin, une loi est juste lorsqu’elle ne s’occupe pas de ce
qui m’appartient en propre. Pourquoi la loi devrait-elle normaliser les
relations entre les personnes ? Pourquoi devrait-elle décider qui peut se marier,
quand, avec qui et comment ? Pourquoi la loi devrait-elle m’assigner un
sexe ? En quoi mes organes génitaux sont-ils pertinents dans la vie en
société ? Pourquoi la loi devrait-elle fixer pour moi l’âge de ma maturité, alors qu’elle m’est personnelle et qu'elle est différente pour chacun d’entre
nous ? Pourquoi un bébé n’est-il pas un citoyen à part entière de notre
société avec tous les droits lui afférents ? Pourquoi la société
devrait-elle organiser ce qu’est une famille ? Ne sommes-nous pas des êtres
vivants libres pour organiser notre vie comme nous l’entendons ?
Pour conclure, une loi est juste lorsqu’elle est valable pour
chacun d’entre nous, pour tous sans exception.
Actuellement, les lois s’accumulent, elles sont construites
à la va-vite, parfois sous le coup de l’émotion, sans réflexion, souvent pour
satisfaire les besoins de vengeances. Ces lois ne représentent rien, ni
l’ensemble de la communauté, ni la société. Prétendre que la loi doit régler
tous les problèmes est un fantasme, un fantasme de toute puissance que
possèdent les politiciens. Ils vont créer un texte législatif dans la
précipitation pour calmer les mécontents, puis finalement ils n’auront rien
réglé et les problèmes resteront en entier jusqu’au nouveau problème suivant. A ce
moment-là, les politiciens proposeront, soit de faire une nouvelle loi, soit d’alourdir les sanctions, sans prendre conscience que ce qui n’a pas eu d’effet une
première fois n’aura pas plus de résultat une deuxième fois.
Lorsque les gouvernements ne respectent plus les individus
comme des êtres vivants uniques et irremplaçables, alors les Etats dérapent pour
le pire et uniquement pour le pire. Hélas, l’épidémie du covid-19 en est un
exemple parmi d’autres.
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